J’AI LONGÉ MA JEUNESSE
j’ai longé ma jeunesse dans de grandes villes et sur des routes communales parmi les fougères et les replis de fleurs
tout sonnait sous l’aile des faux. Tout avait son timbre
le soleil et les insectes noirs descendaient vers les eaux et les vitres
dans des foyers d’encre violette la langue cherchait aveuglément
la grammaire offrait la possibilité d’un pont
les mouvements inédits de mots étaient mes seuls mouvements de joie
de l’insouciance je n’ai jamais rien su
moins encore de la légèreté, cette injonction qui vient souvent de ceux-là mêmes qui en sont incapables
cependant j’aimais que l’homme, littéralement, coure (et puise) à sa perte
que sa vie relève de la dépense
une cousine pleurnichait
des pentes étaient dévalées
le lac nous tenait dans ses bras
mensonge sable sable
dans la présente obscurité et clarté du poème
Véronique Gentil, Le Cœur élémentaire, éditions Faï fioc, 2019, page 32.
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