[JE ME SUIS ARRÊTÉ AU BORD DES GRANDS HÊTRES]
Je me suis arrêté au bord des grands hêtres
ces arbres dont la tête ressemble tant à ma main
ouverte et lacérée sans fin
des lignes de la vie.
En ces troncs j’ai creusé mon abri, qui m’isole et protège,
pendant mon sommeil, comme un père, attendri.
En ce lieu, l’habitant est nu
il doit trouver seul son habit.
Les pierres les premières y pourvoient
elles façonnent la voûte de son pied
et les chutes épaississent ses chairs.
Il s’habille de cuir. Il est sans habitudes.
Les chemins accordent son souffle
et sans cesse à contre-courant
il tend ses nerfs comme les haubans
jusqu’à la rupture jusqu’au cri
pour encore remonter le vent.
Benjamin Guérin, « Chants de la tour » in Chants du voyageur, poèmes, Revue Nunc | Éditions de Corlevour, 2019, page 58. Encres de Jean-Gilles Badaire.
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