LE DIT D’OLIVIER DE SERRES
Il faudra bien un jour percer ce brouillard
Sur les choses
Nous
Devenus si myopes
À présent que la hache
De l’aube
Ne siffle plus à nos épaules
Le même éclair tout à fait
Cependant les heures sont comptées
On peut bien dire
En passant
Les rousseurs de l’automne
Et regarder l’essaim des feuilles
Abandonnées
Une joue contre terre
Et l’autre
Exposée à Dieu sait quel souffle
Glacé qui les anime encore
Voir en passant
Au coin de l’œil des vieux
Cette larme unique
Non de froid mais de
Silence
Entendre leurs voix humides
Qui trébuchent
On peut bien en passant
Sacrifier au feu ce fagot
De l’autre été
Sans trop s’inquiéter
De son âme
Où veillent invisibles
Les caresses du vent naguère
Comme reposent en paix les cils
Sans un regard
À l’autre versant du lit
On peut bien
En passant
Célébrer le passage
Avec des mots qui font signe
Comme un vol d’oiseaux
Uniques
Et confondus
(sait-on où vont les oiseaux
et pourquoi ils se dispersent
comme des flammes
dans le tremblé d’un cœur
qui se déchire)
Or nous autres
Migrateurs
Saurons-nous voir
D’un œil d’oiseau
La rosée moirer la hampe
Des simples
Les pierres patientes
Leur humilité
Afin que s’accomplisse
Dans l’évidence
Une parole d’Olivier
La paille des chaumes et éteules
Restante droite
Des bleds
Se meslera avec la terre
Jean-Marie Barnaud, Sous l’écorce des pierres, Imprimerie de Cheyne, 1983 ; rééd. Cheyne éditeur, 1996 in Jean-Marie Barnaud, Sous l’imperturbable clarté, choix de poèmes 1983-2014, Collection Poésie/Gallimard, 2019, pp. 21-24. Préface d’Alain Freixe.
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