Collage, G.AdC [COMMENT ÇA S’OUVRE UN CORPS] comment ça s’ouvre un corps comment le bout du cœur pointe à la langue s’inventent alors de nouveaux gestes ponctués par un souffle neuf afin de creuser le sillon sur la terre de nos poèmes le temps parfois devient léger il suffit de le prendre aux mots et le voilà rythme ou mesure comme s’il changeait de nature chaque vers joue à la sirène pour arrêter la vie passante ou regarde vieillir sa main pendant que sourit le visage qui veut séduire le destin il nous faut du désir encore pour fêter à deux la tendresse tant que la faux fauche à côté ce qui pousse au bout de nos doigts reste aussi vif qu’à ses débuts nous allons sur le chemin d’encre il ne mène qu’au corps d’amour ce n’est pas une forme en soi c’est l’espace tout alentour devenu chair de nos pensées quand le soir n’est plus que ténèbres la lumière nous vient d’en bas c’est la belle sueur du noir et goutte à goutte elle fait voir que tout change et ne se perd pas que tout change au lieu de se perdre ainsi fait le vocabulaire qui nomme ceci par cela puis fait du neuf avec du vieux dès que la langue est amoureuse Édith Azam | Bernard Noël, Retours de langue, éditions Faï fioc, 54200 Boucq, 2018, pp. 33-35. |
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