Prends ton canif : ta langue ! Découpe tous les liens découpe aussi mon ombre Ph., G.AdC SUIS-MOI Suis-moi ! Suis-moi que je m’efface Prends ton canif : ta langue ! Découpe tous les liens découpe aussi mon ombre mon sac à peau mes osselets mes tendons et mes lignes ! Suis-moi : pour me faire taire ! Ouvre le vide que je suis ouvre ma voix déchire mes : infinitifs que mon corps devienne autre chose ! Suis-moi que je m’écarquille ! Je te dirai tout bas que parfois des mains poussent à l’intérieur du cœur et qu’elles recousent : les cicatrices ! je te dirai à fleur de peau que c’est normal tout ça qu’il faut me couvrir de silence mettre un mouchoir de sable dessus qu’un jour on n’en parlera plus que tu peux avancer sans crainte et bien mieux que me suivre tu me dépasseras ! Suis-moi passe devant que je reprenne : mon innocence mes mots informes au noir squelette mes morts terreux mes morts que j’aime. Allez allez passe devant ! Offre un vertige à la lumière ouvre mes yeux que je la voie ! Suis-moi : suis-moi que je sois seule. Édith Azam, « Suis-moi », in revue Sarrazine n° 18, 2018, pp. 9-10. |
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