[J’ASSUME MES GRENIERS D’ENFANCE]
J’assume mes greniers d’enfance
poussières frelons trésors
par la lucarne vers les jardins
je sais l’oiseau qui fronde
et la pierre qui m’assiège
le front à trop réfléchir
et l’obscure gêne
qui me fait trembler
[…]
Ma poésie je crois a puisé à la terre natale — un bled perdu, des champs, des pâtures, peu de bois, des fermes, quelques rues — la sève du silence des granges, le silence des sillons longés pour désherber, la patience de mains faites pour le pis des vaches, l’odeur des blés, des herbes, la solitude immense pour des yeux curieux. Ma poésie vient de cet enfant-là.
[…]
La lumière descend sur la rosée, elle tinte de la couleur des jours de repos. La terre s’ouvre sur la graine et le cœur fait ce qu’il peut de ses réserves. Chaque semence suit son cours : c’est un dimanche de grâce et de soleil. On attend. Un bref remuement. La pointe d’un vol d’oiseau. L’étincelle dans une herbe fraîche. La lumière bat à l’aune du cœur, souci commun.
Parfois respirer ressemble à la mer.
Philippe Leuckx, « J’assume mes greniers » in Maisons habitées, Bleu d’encre, 2018, pp. 9, 17, 21.
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