[ON EST TOUJOURS LÀ]
On est toujours là.
Les marcheurs, des chiens, des joggeurs font bouger l’immobilité de la dune.
Seule une haie de pieux en bois la sépare de la ligne parfaite du ciel.
On dirait une arête de poisson échouée depuis des siècles
enfin pas exactement mais un peu.
Elle ramasse un os de seiche.
Rouler avec la rumeur des vagues de l’autre côté de la dune est possible.
Et mêler la rumeur au crissement des cailloux sous les roues du vélo
sur le parcours de santé, c’est écrire : le réel
une bande littorale ou zip inversé
du réel sans autre appui
que la lande
qui va et vient sous les apparitions du soleil.
Il est des réels où traîner, où rouler loin des vieilles
dames avec leur cabas avec leurs histoires
d’édredon de chimères d’océan loin
de la mémoire de leurs marins
et tout et tout
Et tout ; et rien.
[…]
Isabelle Garron, « Le vent » in Bras vif, Flammarion, Collection Poésie/Flammarion dirigée par Yves di Manno, 2018, pp. 54-55.
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