PATMOS (extrait) Au commencement, un nom, sa muette résonance. Rien d’autre qu’un nom ? Tu sais bien qu’ainsi commence, et peut-être ainsi finit, la vibration du soleil sur le versant, dans le couchant de septembre, sur la couleur du chardon, une couleur indistincte, entre l’acceptation et l’abandon, comme si dans l’aubépine brillait la lumière finissante, que personne ne contemple. Ainsi le commencement. Le commencement. Un nom, deux syllabes qui jaillissent comme la langue de l’eau sur le rivage. Elles glissent ainsi que deux petites vagues sur cette plage déserte, et font tinter des galets, s’entrechoquer des cailloux sous la lumière du temps. Le nom. Ne glisses-tu pas, toi, à l’intérieur de l’ombre, entre noms et rivages, entre les noms véritables et la lumière qui sauve ? Mais ne dis pas qu’un nom n’est rien d’autre qu’un nom, il contient le matin, et le soir qui s’éteint, tamisé par le temps, deux syllabes s’enflammant dans le brasier de juillet. Le vent s’agite en elles, et dans la canne sifflante. Le nom te convoquait. Tu connaissais le signe. Il n’y a peut-être rien d’autre que tu connaisses, ce son obscur des noms, les paroles obscures, les archétypes, comme sur la page d’Hölderlin, lue en juillet, quand le soleil est un ravissement. Va aux syllabes indestructibles. C’est le son obscur qui convoque ainsi dans les montagnes de l’île. [...] Andrès Sánchez Robayna, Patmos, in Europe, Revue littéraire mensuelle, novembre-décembre 2018 n° 1075-1076, pp. 242-243. Traduit de l’espagnol par Claire Laguian. |
ANDRÉS SÁNCHEZ ROBAYNA Source ■ Voir aussi ▼ → (sur la plateforme Vimeo en ligne) Patmos. Ainsi le commencement (vidéo-poème) → (sur YouTube) Patmos, lu par Andrés Sánchez Robayna (2012) → le site d’Andrès Sánchez Robayna |
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