[LA MER, À PEAU DE CÉTACÉ]
La mer, à peau de cétacé.
Nous disparaîtrons sans laisser de traces. Mais nous aurons compris le secret de l’univers.
La corne de bélier (le Shofar), dont on sonne au Nouvel An juif et qui produit une note - unique, déchirante - identique à celle d’une sirène, transforme l’assemblée en voyageurs et la synagogue en navire. Elle annonce un départ pour l’avenir, c’est-à-dire pour l’inconnu, avec ses promesses et ses périls. Qui mourra et qui vivra ?
Le paradis aux acacias : ce lieu, ces instants, c’était tout pour moi ; la substance du bonheur. Et la substance du bonheur, c’est d’être. D’être, exclusivement, impérieusement, son essence propre. Intolérant au reste, eût-il ses lettres de noblesse.
Cette colonne grecque ne soutient plus que le soleil. Quelle puissance émane d’elle ! Atlas n’en dégageait pas plus. L’abattrait-on que, telle est l’impression du spectateur à ses pieds, la ville serait anéantie par le firmament dont le bloc d’azur convexe pulvériserait tout sous son poids.
[…]
Et si, dans la grande roue de la vie, on pouvait dire au machiniste : « Je me suis bien amusé. Maintenant, ayez l’obligeance de me laisser descendre. » ?
Emmanuel Moses, Le Paradis aux acacias, éditions Al Manar, 2018, pp. 34-35. Gravures de Sylvie Turpin.
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