CORPS
Des cernes sur les quais.
Morphine. Cocaïne. Cortisone. Opium.
La voix de Momo. La grâce de Modi. L’oreille coupée. Un trou inconnu entre la quatrième et la cinquième vertèbre. Un trou de survie. Tu viens pas avec. Un trou à faire. Dilatation des pupilles. Contraction des étoiles.
Un trou à faire un trou dans les yeux.
Une blessure sans limite.
Un trou à faire la lumière.
La lumière d’où ?
Les petits bateaux qui vont sur l’eau ont plein de jambes plein de nerfs suspendus dans le Bleu.
La peau découpée dans le rouge des frontières.
C’est quoi le corps ?
Des cernes sur la poupée.
Le sexe de Dimitri. La bouche du parking.
Des mains avec plusieurs fois la force d’étrangler.
Des frissons à faire disparaître
le ventre du supermarché.
Un baiser de toi.
La sensation de l’invisible.
Des heures nues. Pas de visite. Plus d’essence.
Chemin de croix minuscules dessiné par un gamin de cinq ans. Le chocolat. Le bol autour du crâne.
Passion pour les oiseaux qui marchent.
Présence du fond. Du fond même.
Présence du fond même du présent.
Présence.
Corps.
Lili Frikh, « EJ-913-UF », Tôle froissée, La rumeur libre éditions, Collection de poésie nouvelle série, n° 55, F-42540 Sainte-Colombe-sur-Gand, 2018, pp. 31-32.
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