À TENTER DE VOIR DANS LA NUIT ‒ UN HOMME ?
(extrait)
L’’île est un plateau calcaire avec, au nord, une impressionnante falaise, tandis qu’au sud, la côte est très découpée, formant des promontoires et des anses profondes qui abritent de petites plages de sable. Les habitants vivent de pêche et de tourisme. L’intérieur de l’île, aride et caillouteux, a un aspect désertique.
Certains parlent d’une île-sentinelle.
Ils tentent la traversée dans des embarcations de fortune. Chaque fois, ils racontent. Après quelques heures de navigation, un autre bateau s’approche, le passeur saute à bord et le bateau disparaît. Ils sont abandonnés, pertes humaines, dommages collatéraux aux guerres, à la misère.
Et ta carcasse raide, le froid au creux du dos, cette rencontre tactile contre la nuit
où tu ne perçois rien, monochrome ‒ palpite
parfois apparaît une trouée
un faible éclat de jour ‒ ou de vie, de terre et d’humains ‒ qui fait comme un voile
une sorte de visage ‒ la trace d’un visage ‒ à peine un éclat, même pas, faible, et rien ne peut désemparer l’éclatante noirceur ‒ l’attente, le temps à peine ‒ ne passe
une vague lumière, des traces voilées comme buée ‒ ta bouche ? ‒ il n’y a personne
Brigitte Mouchel, « à tenter de voir dans la nuit ‒ un homme ? » (extrait), in Et qui hante, éditions Isabelle Sauvage, collection « présent (im)parfait », 2018, pp. 67-68.
|
Retour au répertoire du numéro de septembre 2018
Retour à l’ index des auteurs
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.