[HORS DU TEMPS ET DU SOUVENIR] Hors du temps et du souvenir dans le huis clos du velours passaient et repassaient les gestes interdits la lave très épaisse des choses sans nom ravivant la terreur du monarque et ses éclats de rubis enfouis dans le ventre un géant aux pieds d’argile un épouvantail aux mains de paille Comment laver la plaie Qu’on ensevelit sous des piles de linge Si ce n’est par la lessive des mots et la mémoire des franges Nœuds tressés de chiffres par où descend le souffle La blessure la brisure la cicatrice brûlée vive Court à travers les siècles Comme un navire poussé par les vents du désastre* Remontant le chemin de l’origine trois fois dans l’eau lustrale j’ai plongé enveloppée de la mer qui dort en nous trois fois j’ai sombré pour renaître goûtant le lait des amants et léchant le miel des lettres j’ai recueilli trente-neuf gouttes de rosée Les bambous scrutent dans les marges blanches tous les possibles de ma vie * ______________ les voix du poème : caractères italiques : le chœur des ancêtres caractères romains : le poète Anne Rothschild, « II, Remontant le chemin de l’origine » in Nous avons tant voyagé, Éditions Le Taillis Pré, 6200 Châtelineau (Hainaut, Belgique), 2018, pp. 54-55-56. |
ANNE ROTHSCHILD ■ Voir aussi ▼ → le site personnel d’Anne Rothschild |
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