LE CHANT DES TORTUES
(sur une photo de ma mère)
Je t’offre en ce poème
une tortue des Galápagos
énorme animal nourri de gentillesse
que tu vis morte sur une plage asiatique
Force est de croire qu’elle dut se battre
et faire saigner ses lèvres sous l’emprise d’un requin
qui lui faucha les pattes et une partie de la tête
Maintenant je t’imagine descendre avec elle
dans les abysses de la mer indienne
toutes deux pareillement heureuses
de savoir le soleil vous suivre
et s’infiltrer dans l’eau plus lourde
Jocelyne joyeuse petite fille
une autre tortue t’attendait moins grande
c’est ma descendante lorsqu’elle dresse le cou
pour donner à entendre si fort
la langue des émotions
Fabrizio Bajec, « IV. Le bonheur familial », in La Collaboration, Librairie Éditions Tituli, Collection Poésie, Paris, 2018, page 82.

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