TEKKÉ
Le berger décore l’arbre à prières
de petits rubans colorés
les poèmes sèchent au vent avec les mûres
flottent se balancent dans l’air du soir
tournent avec la musique soufie et les derviches
et sur les rubans qui volètent
je lis le chant des têtes
une langue d’arbre et d’huile
et dans le désordre des vœux
je trouve la sortie du poème
issue obscure et liquide
de la moiteur du boulevard à la fraîcheur du tekké
la terre sous la terre parle une langue d’huile
borborygme onomatopée
le vent se cache derrière l’arbre ma paupière et la toile
avec les araignées et les derviches
peut-être les vers à soie tisseront mes mots entre deux fibres
du trottoir aux collines
de la remise en flammes
aux braises noires des steppes
je cueille le ruban rouge
sous le mûrier
une ronde de mots muets
me réveille
Laure Cambau, « Connais-toi toi-même ainsi tu pourras connaître Dieu », Le Manteau rapiécé, Un voyage au fil du souffle, florilège Bektachi : Dialogue, récits, poèmes, psaumes et souffles, éditions Unicité, 2017, page 35.
|
Retour au répertoire du numéro de mai 2018
Retour à l’ index des auteurs
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.