[TU ES LE VEILLEUR D’UN PAYS ENGLOUTI] Tu es le veilleur d’un pays englouti. Parmi les vestiges, tu cherches une trace, celle d’un paysage, d’un visage que le temps n’a pas retenue. Tu ne retrouveras rien : les preuves autant que les murs se sont effondrées. Tu demeures seul, fidèle à une attente qui ne sera jamais comblée. Tu te maintiens en-deçà de tout espoir : ton souffle ne trouble pas le vent. De l’autre côté du miroir, tu as fondé ton éternité. On ne te voit que par transparence, à cet endroit où s’efface le monde. Tu parles le langage des muets : ne répondent que le vent et les arbres. Tu as pris tes quartiers : on ne saurait te rejoindre qu’en brisant avec les vivants. Là où le temps est superflu, on se perd dans l’infini, dans les recoins de l’univers. Il faut s’en remettre à quelques traces, remonter des chemins perdus dans leur géographie pour consentir à cette absence, y croire tout simplement. Une éternité qui commence à la source, avec le vent, avec ton visage, qui se poursuit avec le silence qui te nomme. Une éternité que tu habites, paraît-il, et qui pourrait s’achever, éclair dispersé dans le ciel. Max Alhau, « Le temps secret » in En cours de route, éditions L’herbe qui tremble, 2018, pp. 94-95. Peintures de Marie Alloy. |
MAX ALHAU ■ Max Alhau sur Terres de femmes ▼ → Les Mots en blanc (lecture d’Isabelle Lévesque) → [Tu n’oses plus nommer] (poème extrait des Mots en blanc) → Le Temps au crible (lecture de Cécile Oumhani) ■ Voir aussi ▼ → (dans la poéthèque du site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Max Alhau |
Retour au répertoire du numéro de février 2018
Retour à l’ index des auteurs
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.