[SUR LA BERGE DU FLEUVE]
Sur la berge du fleuve
elle passe de son pas qui n’est déjà plus d’elle
le cœur brûlant au chant de ce qui va s’ouvrir
son départ comme une orée secrète
— si loin se confond avec si près —
dans un élan d’épiphanie
à peine entend-elle
la vie dans son trébuchement
désancrer le pardon d’une eau vive
De ses sandales elle a chaussé le sentier
puis d’un pas reculé dans la mort
sans se préoccuper des promesses
contenues dans le chant du loriot
Elle remonte
vers sa source
augmentée
de tout ce qu’il lui faut perdre
Lorsqu’une résille de sel blanc
embrasa son adieu
elle ceignit comme si de rien n’était
une vague qui se fit passerelle
un sabbat d’absolue solitude
elle ne sombre pas
elle approche
[…]
Son désir d’absolu lissa
la pente douce de l’adieu
À la troisième vague
elle but le mot le plus haut
le plus limpide
et s’ouvrit à qui l’émerveillait
Son élan fut plus que nous
Vivant
Françoise Matthey, Comme Ophélie prenait dans l’eau sa force, Éditions Empreintes, CH – 1510 Moudon, 2000, pp. 17-18-19-21. Avant-propos d’Henry Bauchau. Prix Schiller 2001.
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