[ESPERAS A QUE ACABE EL TIEMPO]
Esperas a que acabe el tiempo.
Sin biografía, proporcionas a la llanura una verticalidad que muchos calificaràn, con razón, de absurda.
El cemento se extiende y los sacrificios son inaudibles.
Los aullidos han sido ya escritos.
La infancia del cielo.
Escribes en la arena.
Sabes que el viento barrerá esta caligrafía: tus huellas.
Simplemente, el tiempo.
Esa destrucción.
Palabras que se despeñan y que al caer no hacen ningún ruido.
Una mujer se aproxima.
Su desnudez ácida.
Caen más piedras.
Insiste el mineral.
Resiste la carne.
La piel necesita saliva, paños fríos.
La escritura marca distancias.
El horizonte se vuelca: pobreza y metralla.
La escritura horada la arena.
Excava y desaparece.
Su misión es pasar desapercibida.
Cada limón puede ser un proyectil.
[TU ATTENDS QUE LE TEMPS SE TERMINE]
Tu attends que le temps se termine.
Sans biographie, tu donnes à la plaine une verticalité que beaucoup qualifieront, en toute raison, d’absurde.
Le ciment se répand et les sacrifices sont inaudibles.
Les aboiements ont déjà été écrits.
L’enfance du ciel.
Tu écris sur le sable.
Tu sais que le vent effacera cette calligraphie : tes traces.
Tout simplement, le temps.
Cette destruction.
Des mots qui se décrochent et ne font pas de bruit en tombant.
Une femme s’approche.
Sa nudité acide.
D’autres pierres tombent.
Le minerai insiste.
La chair résiste.
La peau a besoin de salive, de tissus froids.
L’écriture marque ses distances.
L’horizon se retourne : pauvreté et mitraille.
L’écriture creuse le sable.
Elle creuse et disparait.
Sa mission est de passer inaperçue.
Chaque citron peut devenir un projectile.
José Vidal Valicourt, Meseta/Le Plateau, Atelier de l’Agneau, collection “bilingue”, 33220 Saint-Quentin-de-Caplong, 2017, pp. 42 et 8. Traduit de l’espagnol par Gilles Couatarmanac’h.
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JOSÉ VIDAL ALICOURT
Source
José Vidal Valicourt est né à Palma de Majorque en 1969. Il est l’auteur de nombreux recueils de poèmes parmi lesquels Encuentros y fugas (Opera Prima, Madrid, 1999), Ruido de fondo (Calima, Palma de Majorque, 2000), La playa de las gaviotas cojas (Opera Prima, Madrid, 2003), La fiebre de los taciturnos (premier prix de poésie de la Fondation María del Villar Berruezo, Tafalla, Navarra, 2003), La casa de Mallarmé (prix Leanor de poésie, commune de Soria, 2004), Zona de nadie (Xe Prix de poésie José Espronceda, Ediciones del Oeste, Estrémadure, 2005). Meseta (El Gaviero Ediciones, 2015) est son premier recueil traduit en français, quelques pages de Lisboa Song ayant paru dans la revue L’Intranquille, n° 8 et 9 (2015).
■ Voir aussi ▼
→ (sur lelitteraire.com ) une lecture de Meseta/Le Plateau par Jean-Paul Gavard-Perret
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