TES HAILLONS, BONHOMME… tes haillons, bonhomme ton chant de gorge, ton étouffoir pendant que les grains naissent là-bas, où le ciel mûrit ses hivers que les averses giclent sur les plaines où les troupeaux paissent les graminées — tes vêtements de sable & d’argile friable, toi tes sandales harassées, tes poches creuses & ta faiblesse, demeurer — quand le ciel se fige, quand ton ennui brasse ses nostalgies que tu voyages encore à la rame de guingois & et que les vents nés d’ailleurs s’en viennent trépasser au coin de ton bureau d’idéologue du train-train de scribouillage voyons, les bêtes lentes plaquent leurs bouses avec plus d’à-propos les ruminants défèquent entre les herbes des semences plus pertinentes monseigneur le rapace déchire mieux les entrailles des antilopes son compère le lion rote plus heureusement sa ripaille de boyaux on rêve d’oripeaux trop nobles sur ce coin de table, on est gris de vins frelatés on empeste du gosier, on se drape de frusques au rabais frappe ta monnaie de main moins lâche, s’il te plaît, coche ta flèche au mitan de la cible où un tantinet de sang viendra perler autrement que pour la séduction des goules un soupçon de cruauté vraie, mon cher au diable ces striges, ces effraies de carnaval tu es le masque, toi — patient cadavre, œil ouvert sur le mur clos là derrière, la monnaie sonne clair, le sang rissole à plaisir, les babines chuintent & là-bas oui, les pluies encore, espèces de déluges longs, avec les animaux tout à leur industrie avec ces meurtres & ces digestions |
AUXEMÉRY Ph.© Corneloup Source ■ Jean-Paul Auxeméry sur Terres de femmes ▼ → la mort des êtres… → petits animaux ■ Voir aussi ▼ → (sur le site des éditions Flammarion) plusieurs pages de Failles/traces [PDF] |
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