Notre monde
Quand on est petit, ce n’est pas qu’on trouve ça tellement beau, c’est surtout que ça se trouve comme ça. Il y avait, parole, UN arbre et UN bac à sable et rien d’autre. C’est là qu’on se réunit, c’est notre monde. Là qu’Alain Chabert dira à Nora ou Aïsha : ta mère, on met une pièce et tac, y’a un enfant qui sort.
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Noir et blanc
En maternelle, les méchants la traitaient de « régresse à plateau », les gentils l’appelaient « café au lait », tandis qu’elle se sentait absolument caucasienne. Quand elle réussit à se rappeler cette lointaine petite enfance où il ne faisait pas si bon être métis, quand elle parvint surtout à le for-mu-ler, ça alla vite. La nuit même, elle se vit en rêve, rose et noire. Ce drôle d’animal au miroir, avec des taches brunes sur une peau pâle, c’était elle.
Au réveil, soulagement, déception. Soulagée, car comment aller dans la vie sociale ainsi bariolée ? Déçue parce que, parce que… une panthère, tout de même ! Rien de moins !
Les îles
Une amie des Antilles m’a expliqué un jour que là-bas, quand un bébé naissait avec la peau blanche, on disait qu’il était né « sauvé ».
Nadia Porcar, Le Capital sympathie des papillons, récit, éditions Isabelle Sauvage, Collection singuliers pluriel, 29410 Plounéour-Ménez, 2017, pp. 9, 33, 34.

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