Май 1921
Всё круче, всё круче
Заламывать руки !
Меж нами не версты
Земные, — разлуки
Небесные реки, лазурные земли,
Где Друг мой навеки уже —
Неотъемлем.
Стремит столбовая
В серебряных сбруях.
Я рук не ломаю!
Я только тяну их
— Без звука! —
Как дерево-машет-рябина
В разлуку,
Во след журавлиному клину.
Стремит журавлиный,
Стремит безоглядно.
Я спеси не сбавлю !
Я в смерти — нарядной
Пребуду — твоей быстроте златоперой
Последней опорой
В потерях простора !
Mai 1921
Вras ployés au-dessus de la tête,
Plus haut, toujours plus haut,
Entre nous — distances non terrestres
Qui séparent.
Terres d’azur ! Fleuves célestes,
Là, mon ami est rivé
À jamais.
La route file, les rênes
Étirent leurs nœuds d’argent,
Je ne tords pas mes bras,
Je les tire vers le bas,
En silence. Branches de sorbier,
Buisson dressé pour saluer
Le triangle de séparation, l’envol
Des cigognes.
Filent droit les cigognes,
Filent sans regarder,
Je me drape
Dans ma dignité.
Mort élégante,
Je resterai fidèle à la vitesse d’or de tes ailes,
Dernier appui des grands espaces.
Marina Tsvetaeva, « Le Métier » in Poésie lyrique (1912-1941), Poèmes de maturité (1921-1941), édition bilingue, suivi de Rythme, Sens, Sonorité : Tsvetaeva en français, par Tatiana Victoroff, éditions des Syrtes, 2015, pp. 62-63-64-65. Traduit du russe, préfacé et annoté par Véronique Lossky.

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