[ÉCRIRE C’EST]
écrire
c’est, je
crois — venir muet
sur ce territoire-là
attendre
que ces voix se révèlent
pas à moi seulement
mais c’est moi qui viens là
pour les entendre
c’est moi
qui tente
de leur faire de la place
de leur rendre la parole
qui mets mon attention à leur écoute
le reste
n’est qu’une histoire de place
même ici
la mienne comme la leur
une histoire
d’humilité et de priorité
de sincérité simplement
j’aime
cette idée de parole rendue
l’Ager Publicus
de la langue belle en pâture
en friche
la belle jachère
dont on fait
les plus beaux bouquets de vivaces
parfois mieux
que des plantations
nées de votre main
je
viens là faire paître mon troupeau — je
suis à l’écoute
j’écris
l’impersonnel de nos vies
nos beaux transports de l’intime
un intime qui n’est pas le mien
je
suis cet homme
dont l’attention, ici
se traduit juste
par l’écoute
et la parole rendue
un petit homme
qui regarde
les choses à la hauteur
de ses yeux
et qui le sait
Manuel Daull, La Vie à l’usage, éditions LansKine, 2016, pp. 58-59-60.
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