FORÊT
On n’entend plus les pas on
ne sait plus non plus ce qui se passe
ce qui est de la vie se tient là mais
opaque et sourd comme pour un
qui se serait rempli les oreilles d’écume
un myope un enrhumé un
chasseur du bout de son nez qui
chercherait oiseaux parmi les brumes
un perdu entre les maïs on ne sait plus
ce qui serait le nécessaire équipement
bottes et brouettes de quoi un peu jardiner
binettes
on tient ses mains sur l’air on dit
ça attendra un peu on ne sait pas
s’il faut écrire sur l’argile ou
laisser sécher laisser la terre
s’occuper de ses eaux ne plus intervenir
laisser roches et arbres à leurs embrassements
laisser la forêt se clore faire confiance à
l’espérance des racines et des nuits
laisser
aller.
Patrick Argenté, Le Vol des ombres, Jacques André Éditeur, Collection la marque d’eau n° 7, 2016, page 6. Photographies de Nadia Lhote.
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