QUEL CHE RESTA
(SE RESTA)
La vecchia serva analfabeta
e barbuta chissà dov’è sepolta
poteva leggere il mio nome e il suo
come ideogrammi
forse non poteva riconoscersi
neppure allo specchio
ma non mi perdeva d’occhio
della vita non sapendone nulla
ne sapeva più di noi
nella vita quello che si acquista
da una parte si perde dall’altra
chissà perchè la ricordo
più di tutto e di tutti
se entrasse ora nella mia stanza
avrebbe centotrent’anni e griderei di spavento.
Eugenio Montale, Quaderno di quattro anni [Mondadori, collana dello “Specchio”, settembre 1977], Oscar Mondadori, Collana Oscar poesia del Novecento, aprile 2015, pagina 230. A cura di Alberto Bertoni e Guido Mattia Gallerani.
CE QUI EN RESTE
(S’IL EN RESTE)
La vieille servante illettrée
et barbue enterrée Dieu sait où
pouvait lire mon nom et le sien
comme des idéogrammes
peut-être ne pouvait-elle même pas
se reconnaître dans une glace
mais elle gardait l’œil sur moi
tout en ne sachant rien de la vie
elle en savait bien plus que nous
dans la vie ce que l’on gagne
d’un côté on le perd de l’autre
Dieu sait pourquoi je me la rappelle
plus que tout et que tous
si elle entrait maintenant dans ma chambre
elle aurait cent trente ans et je crierais d’épouvante.
[20 mars 1976]
Eugenio Montale, Cahier de poésie 1973-1977 (Derniers poèmes) in Poèmes choisis 1916-1980, Éditions Gallimard, Collection Poésie/Gallimard, 1991, pp. 277-278. Préface de Gianfranco Contini. Édition nouvelle et traduction de l’italien par Patrice Dyerval Angelini.
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