[PARFOIS IL EST BON DE S’ÉGARER]
Parfois il est bon de s’égarer, au fil de rues et de ruelles, dont on a peut-être oublié les noms, et de se rappeler tel visage au pas de telle porte. Ainsi va la vie. Et le chagrin aussi de devoir faire fi de ce souvenir. Nous allions, ces années-là, plus modianesques que possible, flairer d’anciennes façades, humer de sombres parfums au pied de cafés qui n’existent plus. Mais les rues en ont gardé la saveur héroïque et nos petits pas vagabonds d’un autre temps.
J’ai laissé les murs et les jardins s’accomplir dans la lumière des matins.
On venait sans rien dire s’abreuver de
beauté.
Les mains et leurs poèmes.
Le juste souci du peu qui s’ouvre.
L’enfance.
On ne sait presque rien. On approche. C’est tout. La pudeur fait le reste.
Parfois, on ne lève que la poussière du jour. Ses reliefs et ses ombres.
Mais les collines et les jardins gardent toute profondeur.
Philippe Leuckx, Les ruelles montent vers la nuit, Éditions Henry, Collection La Main aux Poètes, 2016, pp. 23-24-25.
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