[ÊTRE DE QUELQUE PART. OU JUSTE EN VENIR]
Être de quelque part. Ou juste en venir. Quand tout a tellement changé. L’odeur du pays minier qui s’attarde dans la mémoire, dissoute et comme amputée. L’industrieuse effilochée qui lance des cailloux dans l’eau, des bulletins de vote impensables. Une corde au cou du passé. Un chiffon rouge oublié par les arrière-petits enfants de la Silésie.
Qui se souvient que l’aimé-e parlait une langue inconnue ? Que les peaux sales se ressemblaient. Que le mot peuple était possible.
Notre idéal a fait plouf. On n’a plus grand-chose à se dire. Un écran qui bave au café ? Des zones commerciales horizon ?
Le vert phosphorescent entre lumière et pluie. Nous suivons des prairies d’herbe haute et de sève. Les naseaux d’un poulain se dressent à notre approche.
Je rêve alexandrins pour consoler le monde, pour caresser les flancs du soir qui va venir, pour clarifier le verbe à défaut de la vie.
Marie Ginet, Dans le ventre de l’Ange et autres cachettes, Éditions Henry, Collection La main aux poètes, 2016, pp. 38-39.
|
Retour au répertoire du numéro de septembre 2016
Retour à l’ index des auteurs
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.