y a-t-il pas ici quelque tige, quelque rameau, quelque bourgeon annonciateur de choses à venir ?
Je comptais les visages, les comptais sur les doigts de mes mains, sur les doigts de mes pieds, j’ajoutais des doigts aux doigts comme les visages affluaient, et ils paraissaient innombrables, les visages de mes morts, innombrables les souvenirs que j’avais d’eux, innombrables et terriblement doux.
J’avais envie d’être, moi aussi, visage parmi les visages.
Parfois il me semblait apercevoir au loin mon reflet, l’un des visages de ma jeunesse — mais bientôt je disparaissais, et la ronde reprenait son cours.
et moi, où donc me trouvais-je à présent
en quelle partie de ma mémoire
en quelle partie de mon corps
où donc étais-je moi-même et comment le savoir
À quoi bon, disais-je, à quoi bon savoir que le trou est à l’intérieur de moi, si je ne sais ni le jour ni l’heure ? À quoi bon être où je suis puisque je ne sais qui je suis ? [...]
Odile Massé, Sortir du trou, L’Atelier contemporain, François-Marie Deyrolle éditeur, 2016, pp. 38-39-40-41. Dessins de Jean-Claude Terrier. Lecture d’Emmanuel Laugier.
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