[D’ICI]
D’ici, on aperçoit à peine la lame rouillée du soleil. Ça vient et ça s’éloigne et ça n’arrête pas de brunir. La lumière est friable, l’obscurité la réconforte. On en aime le dépouillement et l’au revoir discret. Sans larmes. Sans effusion. Sans fumée ni tambour. Sans même un bref salut.
Il se fait tard. Une déchirure s’opère entre la plage et l’océan. Un cargo met le cap à l’ouest. Pleins gaz. Tout s’apaise à présent. Tout est enfin léger. La sirène du cargo, la falaise, les ressacs. Leur laisser-aller.
C’est cette distance qui saute le plus aux yeux. Une ombre flâne dans les blés. On entend un bruissement. Les pierres claquent. L’humeur décline. La luminosité s’écrase tout au fond de sa niche, déjà prête à ronger le jour.
Jean-Baptiste Pedini, Le Ciel déposé là, L’Arrière-Pays, 33260 Jégun, 2016, pp. 30-31-32.
|
Retour au répertoire du numéro d’août 2016
Retour à l’ index des auteurs
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.