III [– ET DANS TA MAIN]
Et dans ta main
tu montrais
la fleur de cognassier
et dans tes poches
plumes et cailloux
et chacun de leur nom
le ciel suspendait les hirondelles
les poissons
glissaient sous les péniches
les mariniers saluaient
le temps
le temps
comme le calendrier de la bible
ou une vivante
mythologie
Des oiseaux
passent derrière les fenêtres
mon père
suit leur vol
de très près
et dit que la distance
n’existe pas
Je vis soudain
l’abricotier en fleurs
disparu depuis longtemps
J’entendis les martinets
crier la lumière
Sépultures et visions
dans le bouillonnement
de la pluie
Couronnes au fil de l’eau
laissées pour compte
petites personnes
glougloutantes
le tonnerre les maintient
à mains nues
accrochées
aux feuilles des saules
Des trous
on dirait trop remplis
d’air ou de mots
ou d’images
douloureuses à soi-même
on les a écartées
tout le jour
elles reviennent le soir
Surgissaient-ils
d’une forêt obscure
des mots non
familiers démons
soudain à l’oreille
des mots dépenaillés
on n’en cherchait
même pas le sens
Et les dépenaillés
eux dormaient-ils
dans quelque grange
Ou par peur
étaient-ils restés
enfermés dans le bois
peur d’en sortir
ou qu’on les fasse sortir
les mots
les morts
et tant d’autres ombres
Geneviève Raphanel, « III – Et dans ta main », Temps d’ici et de là-bas, éditions Rougerie, 2016, pp. 40-41-42-43.
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