[LE JOUR SE LÈVE]
Le jour se lève.
La chaleur monte. Insectes sur le thym et la lavande au bord du jardin.
Vibration de l’air avant les premiers rayons. Les flaques sont couvertes de moustiques et de moucherons.
7 h.
Les formes s’allongent. Ombres attaquées. Arrivent les premières abeilles.
Les corolles s’ouvrent lentement et les feuilles se déploient. Le jour avance. Le bleu sombre se soustrait. Des vols de papillons gagnent les plantes. Ils cherchent des fleurs tubulaires pour y glisser leur trompe.
Corps chauffés. Le soleil décuple les sons et les odeurs. Les plants se découvrent. Nus. Les ombres tombent au sol, foulées par tant.
Lumière totale.
Les fleurs, les plantes ne savent pas marcher. Sépales écartés et angiospermes pressés pour des valses d’abeilles, d’insectes. Allant d’une plante à l’autre, se glissant dans chaque réceptacle.
Tubulures délicates d’un rouge carmin sur fond jaune nacré, leur fragrance unique attire les petits insectes. Rapidement — les dégrafent.
Suis de taille — me glisse. Fleur serrée… Bourdons et cétoines ne peuvent espérer, tenus en respect sur le seuil. Ailleurs, ils entreront de plain-pied. Pistils et tubes s’agitent déjà.
La chambre nuptiale est au fond.
Jean-Louis Giovannoni, Sous le seuil, récit, Éditions Unes, 2016, pp. 11-12. Vignette de couverture de Stéphanie Ferrat.
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