AVREI FATTO LA FINE DI TURING
Avrei fatto la fine di Turing*
O quella di Giovanni Sanfratello**
In mano ai medici cattolici
Coi loro coma insulinici
E qualche elettroshock.
Perché era un piccolo borghese
Il mio padre amoroso
Non si sarebbe sporcato le mani.
Controllando l’impeto iniziale
Vòlto allo strangolamento
Del figlio degenerate,
Ai funzionari apposite
Avrebbe delegato
La difesa del suo onore.
Franco Buffoni, Avrei fatto la fine di Turing, Donzelli editore, Collana Poesia, 2015, pagina 17.
J’AURAIS FINI COMME TURING
J’aurais fini comme Turing
ou comme Giovanni Sanfratello
entre les mains de médecins catholiques
par coma insulinique
et quelques électrochocs.
Parce qu’il était un petit bourgeois
mon tendre père
ne se serait pas sali les mains.
Contrôlant ses impulsions premières
qui l’auraient conduit à étrangler
le fils dégénéré,
il aurait délégué
à des fonctionnaires appropriés
la défense de son honneur.
Traduction inédite d’Angèle Paoli
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NOTE d’AP : Dans la note très développée qui clôt le recueil de Franco Buffoni, le poète explicite le choix du titre de cet ouvrage. Le thème dominant porte sur l’analyse du rapport existant entre le début et la fin de la parentalité. Et sur la nécessité de mettre fin à cette parentalité pour pouvoir survivre. Une fois disparus père et mère, le poète peut enfin intégrer son histoire personnelle à sa poétique du moment et dédier à ses géniteurs Avrei fatto la fine di Turing.
* Alan Turing (1912-1954) : mathématicien, logicien et cryptographe anglais, Alan Turing est considéré comme l’un des pères de l’informatique. Il contribua à décrypter les codes secrets des Nazis. Une contribution qui fut décisive sur le cours de la guerre. Cela n’empêcha pas Turing de se suicider après qu’il eut été soumis à une castration chimique pour homosexualité.
** Compagnon d’Aldo Braibanti (1922-2014), Giovanni Sanfratello (1944) fut enlevé par sa famille à Rome en 1964 pour être interné pour « maladie nerveuse » dans une clinique privée de Modène, puis dans un asile d’aliénés de Vérone. Il fut « soigné » par électrochocs et par coma insulinique, tandis que Braibanti, lui, fut condamné à neuf années de prison. Giovanni Sanfratello fut restitué à sa famille dans un état végétatif.
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