NEW YORK
Affalé sur mon lit, affalé dans ma vie,
affalé sur mon siège, affalé dans mon piège,
affalé dans le bruit qui monte de N.Y.,
affalé d’insomnie, de tête vide et vaine.
Affalé d’avoir eu ce que j’ai désiré,
saturé du désir de désirer encor
et savoir qu’à N.Y. la page est toujours prête
à se laisser écrire et très vite effacer.
Six heures de perdues, six heures de gagnées
à rester dans ce ciné Huitième Avenue,
six heures répandues dans une vie perdue
ou gagnée à poursuivre une image impossible,
l’éternité à la lueur d’un vieil écran,
le rêve de fuir à jamais la vie réelle :
l’amour règne au milieu de toute vie mortelle
et lui fait croire qu’elle aura toujours l’amour.
Platon tu t’es trompé, tu fais mentir Socrate,
oui le rêve de l’homme est dans la grotte étroite
mais sur l’écran le vrai bonheur est présenté
à des esclaves dont les bras sont déchaînés.
On me glisse un billet de banque sur le ventre,
que dois-je faire ? On veut me payer pour aimer,
le billet doucement me glisse sur les glandes :
Je croyais à l’amour ? Je suis prostitué.
William Cliff, Amour perdu, Le Dilettante, 2015, pp. 21-22.
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