L’ÂGE À la sortie d’un bois perdu, au détour d’un sentier, il arrive qu’on redécouvre, comme au premier jour, la couleur sable et tuile des maisons et, aussitôt, la lumière adoucit la marche. On ne sait ce qu’on doit au friselis de l’herbe rase sous le vent. Des pruniers dans la ceinture des lauriers explosent de feuilles. Le cœur s’emballe à mettre de l’orgue sur la chaîne, chorals et fugues ou passacaille, où l’on guettera la voix humaine ou peut-être les trompettes de Salamanque. Le soir peut tourner en cendres, des branches casser sous une bourrasque inattendue, la vie infuse une sorte de mélancolie fertile. On vieillit, la belle affaire ! L’accord grandit à ce qui se dérobe. La mémoire a perdu sa bogue et roule un présent presque perpétuel, au point que la fin, le jour venu, effraiera moins qu’une ancêtre démaquillée.
Pierre Perrin, La Vie crépusculaire, Cheyne Éditeur, 1996, page 104. Prix Kowalski 1996. |
→ Une mère | Le cri retenu (lecture d’AP)
→ le site de Pierre Perrin
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