H.B. [HERMANN BROCH]
Überleben
Wie aber lebt man mit den Toten? Sag,
wo ist der Laut, der ihren Umgang schwichtet,
wie die Gebärde, wenn durch sie gerichtet,
wir wünschen, dass die Nähe selbst sich uns versagt.
Wer Weiss die Klage, die sie uns entfernt
und zieht den Schleier vor das leere Blicken?
Was hilft, dass wir uns in ihr Fort-sein schicken,
und dreht das Fühlen um, das Überleben lernt.
H.B. [HERMANN BROCH]
Survivre
Mais comment vit-on avec les morts ? Dis,
où est la voix qui apaise leur présence,
comme le geste, quand il est guidé par eux,
nous souhaitons que leur voisinage même nous soit refusé.
Qui sait la plainte qui de nous les éloigne
et tire le voile devant les regards vides ?
À quoi sert de nous résigner à leur absence,
et le retournement de nos sens qui apprennent à survivre.*
Hannah Arendt, Heureux celui qui n’a pas de patrie, Poèmes de pensée, Payot, 2015, pp. 76-77. Traduit de l’allemand par François Mathieu. Édition établie, annotée et présentée par Karin Biro.
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* Variante du dernier vers, ajout manuscrit : « Le retournement de nos sens est bien comme le poignard que l’on retourne dans le cœur ». (Das Fühlen ist doch wie der Dolch, den man im Herzen umdreht. »)
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Merci Angèle pour ce poème....Oui, survivre.
Rédigé par : Marie | 31 octobre 2015 à 08:26