RÉSIGNATION
Parasite insensé d’une obscure planète,
Dans l’infini tonnant d’éternelles clameurs,
Sur un point inconnu j’apparais et je meurs,
Et je veux qu’aussitôt tout le sache, et s’arrête !
Je veux que pour un cri perdu dans la tempête
Les océans soudain sèchent leurs flots hurleurs,
Et que pour apporter sur ma tombe des fleurs,
Les soleils en troupeaux accourent de leur Fête !
Pauvre cœur insensé ! brise-toi, tu n’es rien.
Et bien d’autres sont morts dont le cœur fut le tien,
Et la terre elle-même ira dans le silence.
Tout est dur et sans cœur et plus puissant que toi.
Souffre, aime, attends toujours et […..] danse
Sans même demander l’universel Pourquoi.
Jules Laforgue, Premiers poèmes, in Les Complaintes et les premiers poèmes [Éditions Gallimard, 1970], Collection Poésie/Gallimard, 1979, page 223. Édition établie par Pascal Pia.
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