Alter ego éditions, Collection Jazz Impressions, 2014.
Lecture de Michèle Finck
Ph., G.AdC FAIRE JAZZER LA LANGUE : LA BLUE NOTE DE ON THE ROAD DE KEROUAC AU “NOUGAROADBOOK” D’YVES CHARNET Comment ne pas penser, au détour d’une phrase d’Yves Charnet dans ses Quatre boules de jazz, au livre de Jack Kerouac On the road ? Si Yves Charnet n’évoque jamais le livre-culte de Jack Kerouac, le texte de Quatre boules de jazz fait souvent signe vers le texte de On the road. Le premier indice est le qualificatif de Nougaroadbook (p. 176) par lequel Yves Charnet désigne son livre. Le terme « nougaroad » (p. 187) et l’expression « Ta nougaroad » (p. 185) soulignent la présence de On the road dans les soubassements du livre. Qui plus est, Yves Charnet cite Bernard Lavilliers : « On the road again, again » (p. 142). Si Kerouac parcourt les routes de l’Amérique, Yves Charnet, qui hante les lieux de passage (hôtel) et les moyens de transport (train, avion), parcourt le Sud de la France (Toulouse, Marseille, Nice) et le Nord de l’Espagne des toros, non sans deux échappées vers l’Amérique (Atlanta et Harlem) au début et à la fin du livre. Cette existence « sur les routes », Yves Charnet en rêve depuis l’enfance et elle est une des origines de sa fascination pour la figure du chanteur : « C’était pour ça que je voulais devenir chanteur. Dans cette enfance à Nevers […] La vie toujours sur la route » (p. 71). De Kerouac à Yves Charnet, il y va, par delà les différences, d’un portrait du poète en prose dans le prisme du jazz : ces portraits révèlent à quel point la poésie en prose des XXe et XXIe siècles se cherche au plus près du jazz. Mais alors que chez Kerouac il y va du jazz américain, chez Yves Charnet il y va du jazz français tel que le réinvente le « troubadour de la blue note » (p. 14) : Claude Nougaro. Depuis le premier livre, Proses du fils, tous les livres d’Yves Charnet, le « bâtard », sont placés sous le signe du « trou » laissé par le manque du père, blessure qui est depuis plus de vingt ans le centre générateur de l’écriture. Quatre boules de jazz ne fait pas exception mais pose autrement la question du père manquant. Si la figure de Nougaro « hante » le livre (« Hantises de Nougaro », p. 55, « la façon de hanter sans fin, les coulisses de mes jours », p. 50), c’est que le chanteur de Toulouse est celui qui parvient à incarner le père qu’Yves Charnet n’a pas eu : « ‘C’était, en ce temps-là mon seul chanteur de blues’… Sa ‘voix’ comme celle d’un ‘papa’ » (p. 38). Ainsi, à la mort de Nougaro, Yves Charnet se sent-il « orphelin » aphasique, revivant la séparation d’avec le père que Nougaro avait réparée : « la bouche comme arrachée. Je ne pouvais plus parler. Le visage troué […] Mon idiotie d’orphelin » (p. 75). Comment comprendre dès lors Quatre boules de jazz sinon comme le livre dans lequel le « bâtard » blessé en Yves Charnet s’invente une généalogie ou, plus précisément, au sens que Michaux donne au vocable « contre », une contre-généalogie ? Au centre de cette contre-généalogie fantasmatique : Nougaro – le père, dont Yves Charnet n’a de cesse qu’il n’explore toute la lignée, qui est aussi la sienne, celle qu’il s’est donnée en qualité de « fils ». Mais quelle lignée ? Le livre a pour fonction de replacer Nougaro dans une famille artistique qui est la famille substitutive d’Yves Charnet. À cet égard, de l’autofiction telle que la met en place Proses du fils à l’« autobio sous le signe de Nougaro » (p. 50) que sont Quatre boules de jazz, ces « chansons autofictyves » (p. 170), une seule et même obsession : celle de la quête identitaire. De qui suis-je le « fils » ? Voilà l’interrogation majeure qui traverse tous les livres d’Yves Charnet, éternellement en quête d’une filiation dans laquelle s’inscrire. Mais l’invention d’une contre-généalogie n’est-elle pas le signe distinctif de toute écriture véritable ? Le livre d’Yves Charnet ne fait-il pas que « mettre à nu » (au sens baudelairien de ce terme) la consubstantialité de l’acte d’écrire et de la création contre-généalogique ? La lignée dans laquelle s’inscrit Nougaro, le père, et par ricochet Yves Charnet le « fils », est une lignée dont le signe distinctif est le métissage. Première composante de cette lignée, qui éclaire à la fois le portrait de Nougaro et « l’autoportrait » (p. 155) d’Yves Charnet : la chanson française, terreau musical originel de Nougaro et de Charnet. Le début du livre souligne d’emblée la dimension séminale de la chanson française et de la triade Trenet-Brassens-Nougaro : « La chanson française … Tout me sera venu par là… La poésie, le sens du rythme, la parole » (p. 14). Ce qu’aime Yves Charnet chez Nougaro, c’est avant tout « les noces du son et du sens dans la chanson française » (p. 14). Si la vocation d’Yves Charnet dans l’enfance était d’être chanteur (« chanteur… Je voulais faire ça quand j’étais môme… Ma vocation interdite à Nevers », p. 71), toute l’œuvre porte la marque de cette vocation initiale rêvée comme le suggère l’expression « ma prose en chanson » (p. 168). Deuxième composante de cette lignée d’où descendent Nougaro et Charnet : le jazz, qui scelle le lien entre On the road de Kerouac et Quatre boules de jazz de Charnet. Nougaro est pour Yves Charnet « cet homme qui jazzait la chanson » (p. 55), parce qu’« il avait le jazz dans le sang » (p.73). À cet égard aussi, comme pour la chanson, Yves Charnet se rêve l’héritier du jazz de Nougaro. Aussi qualifie-t-il la basse continue de son livre de « nougablues » (p. 67). L’un des autoportraits les plus incisifs d’Yves Charnet est celui-ci : « Je suis un vieux bâtard du blues » (p. 183). Troisième composante de cette lignée métissée, dans laquelle s’inscrivent Nougaro et Charnet : la poésie. Sur les traces d’Audiberti qui saluait déjà « le taureau Nougaro, le poète » (« Avant-dire », p. 10), Yves Charnet met en relief la filiation qui unit Nougaro à Rutebeuf (« Le Rutebeuf à l’âge du blues », p. 13) et aux « troubadours » (« Troubadours de la blue note », p. 14). Si Nougaro, le père, est poète, Yves Charnet, « le fils », se crée une généalogie poétique, suggérée par l’art des citations sans guillemets qui caractérise Quatre boules de jazz et grâce auquel l’auteur dit sotto voce quelle famille de poète est la sienne. Voici l’arbre généalogique qu’il s’invente et dont il est l’héritier pour ainsi dire sur « le mode mineur », « à sa petite manière » (comme disait Verlaine) : Baudelaire (« le mundus muliebris ,» p. 32, « sa toison moutonnant jusqu’à l’encolure », p. 114) ; Nerval (« Tout Rossini, tout Weber, pour cette ritournelle », p. 16) ; Rimbaud (« Ma préférence pour les refrains niais », p. 16, « Je voudrais dire adieu au monde… Avec des romances dans ce genre là », p. 19, « Une saison chez Claude Nougaro, p. 27, « L’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs. À quelle heure appareille le navire », p. 87-88, « Notre inhabileté fatale », p. 140, « Une blessure de 25 centimètres au côté droit ; deux trous rouges », p. 177) ; Verlaine revu par Trenet, « Les sanglots longs des violons… Trenet, c’est Verlaine qu’il a mis en chanson », p. 79, et par Gainsbourg (« Moi, je m’en vais ; au vent mauvais », p. 40) ; Apollinaire (« Encore un verre de vin trembleur », p. 23, « Cet alcool brûlant comme ma vie », p. 94, « la cicatrice à son cou nu », p. 106), etc. Si Nougaro est élu père par Yves Charnet, c’est qu’il a scellé cette alliance de la poésie et de la chanson que veut tenter aussi l’auteur de Quatre boules de jazz : Nougaro aura rapproché ces deux pôles de ma vie, la chanson, le poème. Il aura réuni ces deux cultures. La savante. La populaire » (p. 107). La chanson française, le jazz, la poésie : voilà les trois composantes majeures de l’alchimie Nougaro telle qu’Yves Charnet la chante dans Quatre boules de jazz et telle qu’il cherche à l’incarner dans sa propre prose. Mais le signe distinctif de Nougaro, qui fascine Yves Charnet, est aussi sa faculté de décloisonner les arts et de s’inscrire dans une filiation allant jusqu’à la peinture. « Peintre de la voix », « coloriste de la chanson » (p. 156), Nougaro est ainsi l’héritier de Toulouse-Lautrec : « Nougaro sera comme un Toulouse-Lautrec de la chanson » (p. 33)… « On dirait Aristide Bruand… sur les affiches de Lautrec » (p. 90). Dans la lignée de Nougaro, Yves Charnet se veut lui-même un peintre dans la prose, à qui Toulouse-Lautrec insuffle une énergie picturale, ayant l’ascendant sur les mots. Dans ce même mouvement d’effacement de la dissemblance entre les arts, Nougaro est aussi pour Yves Charnet un frère des acteurs de cinéma (« On dirait un acteur de la Nouvelle Vague… Une tête brûlée dans un Godard », p. 90). À cet égard, Yves Charnet se veut aussi l’héritier de ce que Nougaro nomme le « cinémot » (« chacun son cinémot… C’est encore un mot forgé par Nougaro », p. 55). Dans cette perspective, Quatre boules de jazz est d’abord un « film » qu’Yves Charnet « [veut] tout juste tourner dans [sa] tête » (p. 26), et les morceaux éclatés du livre se lisent comme des « rushes de ma mémoire à l’épreuve » (p. 19). S’« il y a des jours où c’est comme un film. La vie » (p. 93), le modèle du cinéma se greffe de lui-même sur celui de la chanson, du jazz, de la poésie et de la peinture, tels que Nougaro se les approprie – et après lui Yves Charnet. Mais pour que Nougaro soit « ce monstre sacré » (p. 98) et ce « maître » (p. 138), clé de voute de la généalogie rêvée par Yves Charnet, il faut que celui-ci mette l’accent sur la dimension à proprement parler « religieuse » du chanteur : « Ce n’est plus de la variété. Plus seulement. C’est autre chose. Cette présence religieuse à soi-même ; aux autres êtres […] C’est un acte. Un acte sacré » (p. 123). Ainsi, aux trois composantes majeures de l’alchimie Nougaro (chanson, jazz, poésie), sur lesquelles se greffent aussi des sèves venues de la peinture et du cinéma, Yves Charnet ajoute-t-il une énergie majeure. L’énergie « chamanique » : « Avec ses mains de chamane toulousain » (p. 13)… « Il y avait, chez ce mec, quelque chose d’un chamane » (p. 68). L’alliance de l’argot (« mec ») et du vocabulaire religieux (« chamane ») dit très bien à quel point Nougaro incarne pour Yves Charnet une « force » à la fois populaire et sacrée. La greffe sur la chanson française du jazz, de la poésie, de la peinture et du cinéma, ne définit le génie de Nougaro que si on y adjoint la dimension « chamanique ». Celui à qui Yves Charnet sculpte ici un « tombeau » de mots est ni plus ni moins qu’un « chamane » de la chanson.
Encore faut-il être à l’écoute de la « sorcellerie évocatoire » (Baudelaire) de la prose d’Yves Charnet, par laquelle celui-ci assume, dans chaque fibre de sa langue, l’héritage exigeant de Nougaro. Car ce livre ne serait pas ce qu’il est si Yves Charnet ne dansait véritablement, de toute sa langue, avec Nougaro, comme un torero avec le toro. Comme Kerouac, Yves Charnet invente, au contact du jazz de Nougaro, une nouvelle façon d’être dans la langue et de faire chanter la prose. Il y va d’un cantar parlando neuf. Quelle est la botte secrète de Nougaro, dont Yves Charnet est ici l’héritier ? Cette botte secrète, c’est l’ascendant de la voix sur la lettre et le langage, voire sur tout l’être. Déjà Cocteau, cité dans « l’avant-dire », en donne la formule à propos d’Édith Piaf : « Edith Piaf […] va devenir elle-même invisible. Il ne restera plus d’elle que […] cette voix qui gonfle, qui monte, qui monte, qui peu à peu se substitue à elle » (p. 9). Il y va, dans Quatre boules de jazz, d’une magnifique définition lapidaire de ce qu’est un chanteur : « C’est ça, un chanteur… de la chair à voix » (p. 122). Or, qu’est-ce que la voix, sinon une façon de donner à entendre le corps ? Là encore la définition du « style » proposée par Yves Charnet va droit à l’essentiel : « Le style d’un chanteur, c’est son corps » (p. 122). Et c’est parce que Nougaro, ce « drogué de l’articulation » (p. 67), est un « corps–souffle ; corps–rythme ; corps–swing » (p. 69), qu’il peut être aussi ce « boxeur frappant à l’âme » (p. 88). C’est parce que « la voix » est « encore plus intime que le sexe » (p. 102) que les « chansons sont décochées depuis l’âme » (p. 13). « L’artiste de la voix » (p. 16) est celui qui, par sa descente dans les « ‘entrailles’ » (p. 9) du corps, parvient à toucher l’âme. Et Yves Charnet de mesurer la supériorité native du chanteur sur l’écrivain : « Comme je l’envie – moi, le poète de papier – votre voix viscérale » (p. 64). Par l’expression « poète de papier », Yves Charnet répond au texte d’Audiberti sur Nougaro, cité dans « l’avant-dire » : « Il peut donner aux mots une résonance concrète non entendue chez les poètes de papier » (p. 10). Pour Yves Charnet, comme pour Audiberti, il y va d’une certaine façon de crever le papier par la voix, de sortir « ‘hors du lit desséché des livres’ » (p. 10). C’est tout l’enjeu de l’œuvre d’Yves Charnet : comment sortir de l’écriture par la voix ? Comment, en écrivant sur du papier, ne pas être un « ‘poète de papier’ » (p. 10), mais un poète de la voix ? Parce que « les voix [sont] plus vivantes que les livres » (p. 66), il s’agit de faire remonter le plus profond du corps dans la résonance de la voix. Si, pour Yves Charnet, la poésie dans la prose c’est une écriture enfin faite voix, cette poésie se joue au plus près de la « peau ». C’est « la peau » d’Yves Charnet qui réagit immédiatement au contact de la voix de Nougaro : « Je me souviens de cette caresse électrique sur mon siège d’hypnotisé … Frissons sur la peau … J’étais électrocuté » (p. 66). On ne dira jamais assez que la poésie, telle qu’Yves Charnet l’appelle de ses vœux dans les profondeurs mêmes de la prose, est une poésie qui a rapport à la peau. À cet égard, Yves Charnet pour ainsi dire peaufine une définition de la poésie qui se joue à l’intersection du mot et de la peau : « Il s’agit de réinventer, par les rimes mêmes du chant, un contact entre le poème et la peau » (p. 178). Dans une abolition de la dissemblance entre le corps et l’âme, la poésie, sur l’injonction du modèle de la chanson, est une certaine façon de prendre l’âme par la peau. Mais qu’est-ce qui fait que dans cette œuvre d’Yves Charnet on entend une voix et non une écriture ? Qu’est-ce qui fait que les mots-peaux, les mots-corps, les mots-voix sortent de l’écriture ? D’abord, une certaine manière d’écrire contre la langue. Si ce livre bâtit une contre-généalogie, c’est en inventant une contre-langue. À cet égard, Yves Charnet s’inscrit dans une filiation qui unit Nougaro à Céline : « Ils faisaient tous deux le coup de poing. Dans la langue, contre elle » (p. 44). C’est cette parole à contre-langue qui permet à la prose d’Yves Charnet de sortir de l’écriture, de trouer le papier pour faire surgir la voix. Cette lutte contre la langue est indissociable d’une violence qui permet que l’oralité, la vocalité, se dégagent de la gangue et du carcan de l’écrit. Pas de voix dans l’écriture, sans une violence qui décape les mots et les régénère. C’est cette violence qui libère la matrice même de l’émergence d’une voix : le souffle, qui donne vie à la voix. Dès la première page de Quatre boules de jazz, le lecteur-auditeur découvre une façon neuve de faire respirer la langue, par laquelle il sait qu’il est face à un écrivain authentique. La manière qu’a Yves Charnet d’habiter la langue, de sculpter le souffle, de faire haleter le verbe n’appartient qu’à lui : elle est la preuve que ce qui se joue dans sa prose est de l’ordre de la poésie. L’indice le plus visible de cet art d’insuffler du souffle à l’écrit, qui caractérise le travail de l’oralité d’Yves Charnet, est la façon qu’il a de trouer souvent le texte par des points de suspension entre les phrases qui, par là-même, deviennent des phrasés. Ce souffle qui soulève les mots, ouvre la langue, fait aussi entrer le rythme dans la prose. La voix, le souffle, le rythme : voilà les composantes majeures de « l’alchimie du verbe » de Nougaro qu’Yves Charnet en quelque sorte transfuse dans sa propre prose pour qu’elle soit, à son tour, de l’ordre du swing dans la langue. Faire swinguer la langue à coups de syncopes rythmiques, marquées entre autres par les points de suspension : c’est le pari difficile et réussi d’Yves Charnet. Il y va, pour la langue française, d’un bain de jouvence par le jazz à la manière de Nougaro. On reconnaît un poète à la façon qu’il a de ne se contenter jamais de la langue telle qu’elle est. Aussi Yves Charnet – le – poète invente-t-il sans cesse des mots, en particulier des mots-valises, par lesquels il préfère toujours le possible de la langue à la langue figée. Pour Yves Charnet, faire jazzer la langue, c’est donner dans les mots l’ascendant à la métamorphose sur la forme. Sur les traces de Nougaro et de ses Nougayork, Yves Charnet n’en a jamais fini de jouer, avec humour, sur le nom propre du père qu’il s’est choisi : « nougaroman » (p. 13), « Nougarintime » (p. 68), « Nougaronne » (p. 69), « Nougarocéan » (p. 140), « Nougarocher » (p. 140), « Nougareau » (p. 157), « Nougarombres » (p. 159), « Nougarie » (p. 167), « Nougaroad » (p. 152). À la fin du livre, Yves Charnet fait fusionner le patronyme du père spirituel et son propre prénom, signe que l’entreprise contre-généalogique s’est pleinement accomplie : « C’est fini. Nougaryves » (p. 177).
« Toute âme est une mélodie qu’il s’agit de renouer », écrit Mallarmé dans Crise de vers. De Proses du fils à Quatre boules de jazz, Yves Charnet n’a de cesse qu’il ne trouve cette « blue note » qui n’est autre que la « mélodie » « renouée » de « l’âme ». Dans Quatre boules de jazz, Nougaro est celui par qui Yves Charnet parvient à accomplir cet acte de « renouer » la « mélodie » de « l’âme », qui est le signe distinctif de la poésie. Comprenons-le bien : la poésie telle qu’elle se joue dans le livre d’Yves Charnet, n’est pas un genre littéraire ; elle est cet acte même de « renouer » la « mélodie » de « l’âme », dont il importe peu qu’il s’accomplisse par le vers ou par la prose. Par Nougaro interposé, Yves Charnet assume, dans chaque fibre du corps organique de son livre, la caractéristique principale de la « mélodie » de son « âme » : le métissage, par lequel la « mélodie » de son « âme » tient tout à la fois de la musique populaire et de la musique savante, de la chanson, du jazz et du poème qui, « renoués » ensemble dans la matière sonore d’un livre, œuvrent à la transmutation de l’écriture en une voix faite chair, absolument unique et partageable avec tous. Michèle Finck D.R. Michèle Finck pour Terres de femmes |
■ Yves Charnet sur Terres de femmes ▼ → Difficile séjour → 14 juillet 1997 | Yves Charnet, Notes fantômes (inédit) → 10 juin 2012 | Yves Charnet, La tristesse durera toujours (extrait) → La tristesse durera toujours (lecture d’AP) ■ Voir aussi ▼ → (sur le site d’Alter Ego éditions) la page de l’éditeur sur Quatre boules de jazz | Nougasongs → (sur Terres de femmes) 4 mars 2004 | Mort de Claude Nougaro (+ un extrait de Quatre boules de jazz | Nougasongs d’Yves Charnet) |
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