choisie par Joëlle Gardes
[STA SOLO FERMO NELLA TOSSE] Sta solo fermo nella tosse. Un po’ prende le mani e le mette sul comodino per bere il bicchiere di acqua comprata, come tanti prati guardati senza dire niente, tante cose fatte in tutti i giorni. Intorno ha una cassettiera con lo specchio, due sedie scure, un armadio, l’incandescenza minuscola di una stufa. Dei centrini, la stampa di una natività con il rametto di ulivo, un taccuino, dei pantaloni, delle cose sue. Davanti il cielo che è venuto insieme a lui, gli alberi che sono venuti insieme a lui. Forse una ghiaia di giochi e dei morti, che sono silenzio, un solo grande silenzio, un silenzio di tutto. A volte l’acqua del Cornappo era una saliva più molle, un respiro che scivolava sui sassi. A volte tutto era l’uccellino del freddo disegnato sul libro di lettura vicino a una poesia scritta in grande da imparare a memoria. A volte niente, venire di qua a prendere il pezzo di cioccolato e la tosse, quella maniera della luce di far tremare le cose, gli andirivieni, il pavimento stordito dallo stare male. Mario Benedetti, « Per mio padre », Umana Gloria, Mondadori, Collana Lo Specchio, 2004, pp. 27-28. [IL SE TIENT IMMOBILE DANS SA TOUX] Il se tient seul immobile dans sa toux. Il prend un peu ses mains et les met sur la table de nuit pour boire le verre d’eau achetée, comme tant de prés regardés sans rien dire, tant de choses faites jour après jour. Autour de lui il y a une commode avec miroir, deux chaises foncées, une armoire, la minuscule incandescence d’un poêle. Des napperons, sur une gravure la nativité avec un rameau d’olivier, un carnet, des pantalons, des choses à lui. Devant le ciel venu en même temps que lui, les arbres venus en même temps que lui. Peut-être les graviers d’un terrain de jeux et des morts, qui sont silence, un seul grand silence, un silence de tout. Parfois l’eau du Cornappo était une salive plus douce, une respiration qui glissait sur les cailloux. Parfois tout était le petit oiseau du froid dessiné sur le livre de lecture à côté d’une poésie écrite en gros pour qu’on l’apprenne par cœur. Parfois, rien, venir prendre le bout de chocolat et la toux, cette façon qu’a la lumière de faire trembler les choses, les allées et venues, le sol assourdi par la maladie. Traduit de l’italien par Joëlle Gardes Traduction inédite pour Terres de femmes |
MARIO BENEDETTI Source Mario Benedetti est né à Nimis (Udine) le 9 novembre 1955 et mort à Piadena (Cremona) le 27 mars 2020. Il a passé son enfance dans le Frioul avant de s’établir à Milan. Diplômé en esthétique, il a publié plusieurs recueils, I secoli della Primavera (Sestante, 1992), Umana gloria (2004), Pitture nere su carta (2009), Tersa morte (2013), ainsi qu’un volume de réflexion Materiali di un’identità (Transeuropa, 2010). Il a collaboré à l’Almanacco dello Specchio (Mondadori) et a traduit plusieurs poètes français (Benoît Conort, Michel Deguy, Yves Bonnefoy…). Prix Brancati 2014 pour Tersa morte. ■ Mario Benedetti sur Terres de femmes ▼ → | [Ma tu lo sai che c’era?] ■ Voir aussi ▼ → (sur Recours au poème) une page sur Mario Benedetti (+ plusieurs poèmes extraits de Tersa morte, traduits par Jean-Charles Vegliante) → (sur Une autre poésie italienne) une page sur Mario Benedetti (+ plusieurs poèmes extraits de Pitture nere su carta) → (sur Poesia de Luigia Sorrentino) une page (en italien) sur Tersa morte de Mario Benedetti (+ plusieurs poèmes extraits de Tersa morte) → (sur Poesia de Luigia Sorrentino) Addio a Mario Benedetti (1955-2020) → (sur le site du Nouveau Recueil) In memoriam Mario Benedetti (PDF) |
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