Source [MA IO PARLO… DEL MONDO] Ma io parlo... del mondo ― e dovrei, invece ― parlare dell’Italia, e anzi, di una Italia, di quella di cui sei, con me, destinatario dei miei versi, figlio: fisica storia in cui ti circostanzi. L’ho chiamato « innocente », il mondo, io, io, in quanto cieco, figlio martoriato. Ma se guardo intorno questi avanzi d’una storia che da secoli ha dato soltanto servi... questa Apparizione in cui la realtà non ha altro indizio che la sua brutale ripetizione... che scena... espressionistica! Penso a un giudizio subìto senza senso... le toghe... le tristi autorità del Sud... dietro i visi dei giudici ― in cui il vizio è un vizio di dolore, che denuda ambienti miserandi ― non si leggeva che impotenza a uscire da un’oscura realtà di parentele, da una cruda moralità, da una provinciale inesperienza... Quelle fronti da Teatro dell’Arte, quei poveri occhi di obbedienti onagri intestarditi, quelle orecchie basse, quelle parole che per mascherare il vuoto si gonfiavano a recitare una parte di paterna minaccia, di indignazione floreale! Ah, io non so odiare: e so quindi che non posso descriverli con la ferocia necessaria alla poesia. Dirò solo con pietà di quella faccia di calabrese, con le forme del bambino e del teschio, che parlava dialettale con gli umili, scolastico coi grandi. Che ascoltava attento, umano, e intanto, negli ineffati e nefandi fori interiori, covava il suo piano di timido che il timore fa spietato. Ai lati, altre due faccie ben riconoscibili, faccie che per strada, in un bar affollato, sono le faccie deboli, poco sane, di precoci invecchiati, di malati di fegato: di borghesi il cui pane certo non sa di sale, non ignobili, no, non prive affatto di sembianze umane nel pungente nero degli occhi, nel pallore delle fronti martoriate dalla prima feroce anzianità... Un quarto inviato del Signore ― certo ammogliato, certo protetto da un giro di rispettabili colleghi nella sua città di provincia ― rappreso in un sospiro di malato nei visceri o nel cuore ― se ne stava in un banco isolato: come sta chi si prepara a un premeditato disamore. E davanti a questi, il campione: colui che ha venduto l'anima al diavolo, in carne e ossa. […] Pier Paolo Pasolini, La realtà in Poesie in forma di rosa, Garzanti Editore, 1964, 1976. [MAIS JE PARLE… DU MONDE] Mais je parle… du monde — et je devrais plutôt — parler de l’Italie, et même d’une certaine Italie, de celle dont tu es, avec moi, destinataire de mes vers, le fils : histoire physique dans laquelle tu te circonscris. Je t’ai appelé « innocent », le monde, moi, Moi, en tant qu’aveugle, fils martyrisé. Mais si je regarde autour ces restes d’une histoire qui depuis des siècles n’a donné que des esclaves… cette Apparition où la réalité n’a pas d’autre indice que sa brutale répétition… quelle scène expressionniste ! Je pense à un jugement subi, privé de sens… les toges… les tristes autorités du Sud… derrière les visages des juges — dont le vice est un vice de douleur, qui dénude des milieux misérables — ne se lisait qu’impuissance à sortir d’une obscure réalité de parentés, d’une crue moralité, d’une provinciale inexpérience… Ces fronts de Commedia dell’Arte, ces pauvres yeux d’onagres obéissants entêtés, ces oreilles basses, ces mots qui pour masquer le vide s’enflaient pour jouer un rôle de menace paternelle, d’indignation Art nouveau ! Ah, je ne sais pas haïr : et je sais donc que je ne peux pas les décrire avec la férocité nécessaire à la poésie. Je parlerai seulement avec pitié de ce visage de Calabrais, avec les formes de l’enfant et de la tête de mort, qui parlait en dialecte avec les humbles, dans un style scolaire avec les grands. Qui écoutait avec attention et humanité, et en même temps, dans les fors intérieurs tacites et indicibles, couvait son plan de timoré que la peur rend impitoyable. À ses côtés, deux autres visages bien reconnaissables, visages qui dans la rue, dans un bar plein de monde, sont les visages faibles, malsains, de vieux avant l’heure, de malades du foie : de bourgeois dont le pain n’a certes pas le goût de sel, pas ignobles, non, pas entièrement privés d’un semblant d’humanité, dans le noir transperçant des yeux, dans la pâleur des fronts martyrisés par les premières marques d’une vieillesse féroce… Un quatrième envoyé du Seigneur — évidemment marié, évidemment protégé par une clique de collègues respectables dans sa ville de province — figé dans un soupir de malade de digestion et de cœur — se tenait isolé sur un banc : comme quelqu’un qui se prépare à un désamour prémédité. Et devant eux, le champion : celui qui a vendu son âme au diable, en chair et en os. […] Pier Paolo Pasolini, La réalité (extrait) in Poésie en forme de rose, édition bilingue, Rivages poche | Petite Bibliothèque, 2015, pp. 124-125-126-127-128-129. Traduit de l’italien, annoté et préfacé par René de Ceccatty. |
PIER PAOLO PASOLINI Source ■ Pier Paolo Pasolini sur Terres de femmes ▼ → 5 mars 1922 | Naissance de Pier Paolo Pasolini → 22 septembre 1962 | Sortie de Mamma Roma (Pier Paolo Pasolini) → 2 novembre 1975 | Mort de Pier Paolo Pasolini → Al principe → A na fruta (+ bio-bibliographie) → El cuòr su l’aqua → Le chant des cloches → Pier Paolo, le poète assassiné → La Rage (extraits) |
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