Le 5 mars 1922 naît à Bologne Pier Paolo Pasolini. Portrait collage, G.AdC Pier Paolo est le fils ainé du couple Pasolini. Son père, Carlo Alberto Pasolini, lieutenant d’artillerie, tient ses origines d’une vieille famille noble de la Romagne, liée à l’histoire des États de l’Église. En revanche, Susanna Colussi, sa mère, est issue d’une solide famille de paysans frioulans, depuis toujours attachés à la terre, aux travaux des champs et aux récoltes. Pasolini dira de sa famille : « Je suis né dans une famille typiquement représentative de la société italienne : un produit de l’unité italienne… » Le couple Pasolini s’installe à Casarsa (Frioul) avant de déménager pour Bologne. Puis pour Parme. Pour les Pasolini en perpétuel déplacement, Casarsa reste le point de ralliement auquel Pier Paolo restera toujours attaché. C’est pour lui le monde de l’enfance, des vacances l’été, des expériences inoubliables, des premières amours. Casarsa, lieu de la nostalgie et des blessures qui en sont la source. Pour subvenir aux besoins de sa famille criblée de dettes, Susanna reprend à Casarsa son métier d’institutrice. Dès 1929, Pier Paolo consigne dans un carnet des poèmes accompagnés de dessins. Mais il échoue à son examen d’admission au collège de Sacile. De 1932 à 1935, la famille vit à Crémone. Pasolini compose des pièces héroïques inspirées d’Homère et de Jules Verne. Il fréquente ensuite le lycée de Bologne, découvre Rimbaud, passe en 1939 son baccalauréat à la session d’automne. Puis s’inscrit à la Faculté des lettres. Il s’intéresse à l’histoire de l’art et suit les cours de Roberto Longhi, spécialiste de Caravage et du caravagisme. En 1941, son père, envoyé se battre au Kenya, est fait prisonnier. La famille quitte Bologne, devenue trop dangereuse, pour Casarsa. Elle s’installe dans la maison du grand-père maternel Meni Colùs. Pier Paolo Pasolini compose en frioulan, la langue de ses ancêtres, des poèmes qu’il transpose en italien. L’ensemble paraîtra chez un petit éditeur de Bologne, dans un recueil intitulé Poesie a Casarsa. Avec ses amis passionnés comme lui de langue et de littérature, il crée « l’Academiuta de lengua furlana » et la revue Il Stroligut. Écrire en dialecte frioulan répond chez Pasolini à la tentative de priver l’église de l’hégémonie culturelle qu’elle exerce sur le peuple. En 1943, Pasolini, contraint de s’enrôler, est appelé à Livourne. En septembre, il déserte. Après un séjour à Casarta, il se rend à Versuta où il ouvre avec sa mère une école indépendante. Il écrit des poèmes qui figureront dans le recueil La meglio gioventù (La Meilleure Jeunesse). Le 12 février 1945 son frère Guido (né à Belluno en 1945), entré dans la résistance communiste, meurt assassiné par la faction slovène de son parti. Cet événement tragique bouleverse la vie de Pasolini et de sa mère, tous deux détruits par le chagrin. Les liens entre Pasolini et sa mère se resserrent, qui tiennent le père à l’écart. En 1948, Pasolini inaugure sa vie de militant politique. Il entre au parti communiste dont il restera toujours proche, même après son exclusion. Dans le même temps, il rédige Amado mio (Actes impurs), récit romancé de ses amours avec des adolescents. Texte qui ne sera publié qu’après sa mort. En octobre 1949, Pasolini est dénoncé pour corruption de mineurs. Cette dénonciation (qui aboutit à un non-lieu en 1952) lui vaut d’être radié de l’Éducation nationale et exclu du parti communiste. « Pour indignité morale ». Le 28 janvier 1950, Pasolini part pour la banlieue romaine avec sa mère. A ME FRADI (extrait) Ressuretion Me fradi muart al ten na part di me cun lui tal che trist Infinit ch’al mi scrussia ogni dì. Un sofli al mi divit da lui, e un scur misteri ; quan ch’a brilin li stelis, mi lu figuri dongia. I sint il so respir tai me ciavej, e il nuja, una lus infinida a è dut un cu’l so vuli. Résurrection Mon frère mort me retient Une part de moi avec lui Dans ce triste infini Qui m’angoisse chaque jour. Un souffle me sépare De lui, et un sombre mystère ; Quand brillent les étoiles, Je me le figure près de moi. Je sens sa respiration Dans mes cheveux, et le néant, Une lumière infinie Ne fait qu’un avec son œil. Pier Paolo Pasolini, Poesie in Friulano | Poèmes en Frioulan, 1943-1949, in Pier Paolo Pasolini, Adulte ? Jamais, Poèmes choisis, édition bilingue, Éditions Points, Collection Points Poésie, 2013, pp. 70-71. Poèmes choisis, présentés et traduits de l’italien par René de Ceccatty. |
PIER PAOLO PASOLINI ![]() Source ■ Pier Paolo Pasolini sur Terres de femmes ▼ → 22 septembre 1962 | Sortie de Mamma Roma (Pier Paolo Pasolini) → 2 novembre 1975 | Mort de Pier Paolo Pasolini → Al principe → A na fruta (+ bio-bibliographie) → El cuòr su l’aqua → Le chant des cloches → [Ma io parlo… del mondo] (extrait de Poésie en forme de rose) → Pier Paolo, le poète assassiné → La Rage (extraits) |
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Un des très grands traducteurs de Pasolini, qui organisa aussi des colloques autour de son oeuvre et rédigea des ouvrages sur ce sujet, est le Professeur José Guidi, disparu depuis peu, qui fut pendant longtemps titulaire de la chaire d'Italien à l'Université d'Aix en Provence. Il était originaire d'Oletta, où il repose désormais.
Bien amicalement
laurence Acquaviva
Rédigé par : acquaviva laurence | 05 mars 2015 à 13:22