Ph., G.AdC QUAND JE SUIS PRISE DE DOUTES Quoi que tu écrives, tu n’exprimes point le sens, car au commencement n’était pas le verbe mais la joie des corps. Ensuite est venue la saison de la douce faim. L’horizon a blanchi et les oiseaux ont attaqué les blés. Les petits fauves des mots que nous nous lancions mordaient, de plus en plus acharnés, notre avenir commun et j’ai compris que seuls mes sens articulaient toutes les nuances du bleu dont ton langage est imprégné. C’est alors que je t’ai perdu à la fin d’un poème. À présent, le silence dans le cœur, je regarde le ventre lisse de la lune d’août frémir dans la tasse de porcelaine, mais tu ne peux pénétrer dans ce paysage car au-dessus des épaules tu es un véritable hiver. Aussi je reste dans ma réalité : je te rends les mots je garde ma joie. Aksinia Mihaylova, Ciel à perdre, poèmes, Éditions Gallimard, Collection blanche, 2014, pp. 46-47. Prix Apollinaire 2014. Source |
AKSINIA MIHAYLOVA ■ Voir | écouter aussi ▼ → (sur le site Gallimard) une page sur Ciel à perdre → (sur YouTube) Aksinia Mihaylova présente son ouvrage Ciel à perdre → (sur le site de la revue Ce Qui Reste) Deux fois plus vite (et autres poèmes) |
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