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L’ENVERS DES CONTES DE FÉES J’ai eu la chance de rencontrer Barry Wallenstein en résidence d’auteur au couvent de Saorge, dans l’arrière-pays niçois. J’ai aussi eu celle de l’écouter dire Tony’s blues, accompagné de jazz, sur le CD qu’il a réalisé. Marilyne Bertoncini venait travailler avec lui dans le jardin à la traduction qu’elle nous livre à présent. Tony’s blues nous propose une écriture très moderne, à laquelle un cadre urbain sert de décor. Je parlerais volontiers de poème-BD, feuilleton, film américain avec un rythme de blues pour la bande-son. Une ville où Tony fume des joints, descend des verres, se livre à quelques trafics, fréquente des mecs un peu louches, drague, va au bordel, tente de se démarquer en se teignant les cheveux en rouge. Une banlieue où se battent des gosses, où des gars se font poignarder. « T’es un bon gros salaud de ta mère, Tony » constitue le premier vers du recueil. Le ton est donné. Mais qui est Tony ? Un petit garçon dont le père travaillait aux abattoirs, liens du sang réels : « Il saignait les bœufs mais assommait les veaux. Ça changeait le goût de la viande et tout petit alors, j’apprenais ça. » Comme son père, il porte un couteau, héritage phallique. « Qu’est-ce qui m’appartenait en effet sinon ma place sur ces épaules ? » Un SDF au sens où nous sommes tous symboliquement SDF puisque notre domicile réel sera celui dans lequel nous demeurerons le plus longtemps : la mort. « Dans une minute t’auras peut-être le visage gelé, ou froid, Tony, froid. » « On court tous vers le même but, piqués par la même mouche. » Un orphelin s’adressant à sa mère, « sous le couvercle » depuis cinq ans. Un cinglé qui se donne un coup de marteau sur la tête : « Pourquoi a-t-il fait ça ? Il dit que le sort s’acharnait sur lui et qu’il l’a abattu. » Tony me semble rassembler en lui tous les possibles marginaux de la condition humaine. Être poète en fait évidemment partie. Tony s’adresse aussi à son créateur (dieu-géniteur aux mains couvertes de sang) : « Quelqu’un d’autre dans ma voix — C’est effrayant pire qu’avaler une arête de travers et s’étrangler — Qui est dans les coulisses ? » Blues devant une vie qui n’est pas un long fleuve tranquille, et quand le rêve se pointe : « Pendant des années, il avait différé le rêve, et le rêve arriva… » On pourrait croire à la survenue d’une existence heureuse, eh bien non, il s’agit d’un rêve dans lequel, à l’inverse des contes de fées, rien de ce que demande Tony ne lui est accordé. Il faudra faire avec, ou plutôt sans. L’ouvrage est illustré par quatre photographies de la voûte céleste vue entre les branches d’arbres, les sommets de gratte-ciel, ou les filins d’un pont suspendu. Un air de Quand passent les cigognes de Mikhaïl Kalatozov, la scène dans laquelle le soldat Boris meurt en voyant le ciel tournoyer entre les cimes des bouleaux. |
BARRY WALLENSTEIN Source ■ Barry Wallenstein sur Terres de femmes ▼ → Blues again (poème extrait de Drastic Dislocations) ■ Voir aussi ▼ → le site de Barry Wallenstein → (sur le site de Recours au poème éditeurs) la fiche de l’éditeur sur Tony’s blues de Barry Wallenstein ■ Chantal Dupuy-Dunier sur Terres de femmes ▼ → 25 octobre | Chantal Dupuy-Dunier, Éphéméride → Amiens (extrait de Des villes parfois...) → 7 novembre | Chantal Dupuy-Dunier, Éphéméride → Mille grues de papier (note de lecture d'AP) → [Au milieu du dessin bleu] (poèmes extraits de Mille grues de papier) |
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Rédigé le 30 décembre 2014 | Lien permanent | Commentaires (0)
JUAN GELMAN Source ■ Juan Gelman sur Terres de femmes ▼ → Arte poética → comentario XI (hadewijch) → comentario XXXIII (san juan de la cruz) → el ángel de la tarde ■ Voir | écouter aussi ▼ → (sur Recours au poème) d’autres poèmes de Juan Gelman extraits de Vers le sud et autres poèmes → un site (en espagnol) entièrement dédié à Juan Gelman → (sur lemonde.fr) « Juan Gelman (1930-2014) : la vie de combat, de tendresse et de deuil d'un poète argentin », par Florence Noiville → (sur La Pierre et le Sel) Juan Gelman : une parole pour l'indicible → (sur le site de France Culture) Hommage à Juan Gelman (Ça rime à quoi, par Sophie Nauleau, émission du 19 janvier 2014) → (sur perfil.com) une photo-galerie de Juan Gelman → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature) rencontre avec Juan Gelman, Jacques Ancet et Jean Portante [15 juin 2012] (archive sonore) |
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Rédigé le 29 décembre 2014 | Lien permanent | Commentaires (0)
GENEVIÈVE VIDAL ■ Geneviève Vidal sur Terres de femmes ▼ → Exil → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) Vie donner/nommer ■ Voir aussi ▼ → le site de Geneviève Vidal → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Geneviève Vidal |
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Rédigé le 29 décembre 2014 | Lien permanent | Commentaires (0)
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Rédigé le 27 décembre 2014 | Lien permanent | Commentaires (0)
Ph. © Anne Calas | isabelle sauvage Source [PAR TRANSPARENCE D’UNE VITRE] par transparence d’une vitre à l’autre en travers de ses nuits (si le jour cède) : femme au miroir dans la baignoire noyée de pluie la jambe bue repliée sur le drap défait l’épaule au creux de l’oreiller le sein caché (puis découvert) le regard qui chavire de cette liesse intime (la nuit n’y est pour rien (un miroir) suspendu au mur (du fond) comme un sigle (une sangle) son dos pris (dans le cadre) : du reflet : un regard suffirait : un portrait sur la toile cirée dans l’angle un vase vide (à distance) : une carafe au bord du lit Yves di Manno (texte) | Anne Calas (photographies), « la série monotype », in Une, traversée, Éditions Isabelle Sauvage, Collection Ligatures, 29410 Plounéour-Ménez, 2014, pp. 48-49-50. |
■ Yves di Manno sur Terres de femmes ▼ → après Privas... Nicolas Pesquès (I). « du geste une écriture » (article republié dans Terre ni ciel) → féal (poème extrait de Champs) → Objets d’Amérique (note de lecture d’AP) → [pour rejoindre en lisière de la page] (extrait de Terre sienne) → Terre ni ciel (note de lecture d’AP) ■ Anne Calas sur Terres de femmes ▼ → [Mon île fantastique et joyeuse] (poème extrait de Déesses de corrida) → Val cosmique (autre poème extrait de Déesses de corrida) → Honneur aux serrures (lecture d’AP) → Littoral 12 (lecture d’AP) → [Ni princesse, ni d’hier ni d’aujourd’hui] (extrait d’Honneur aux serrures) ■ Voir aussi ▼ → (sur le site des Éditions Isabelle Sauvage) la fiche de l’éditeur consacrée à Une, traversée |
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Rédigé le 26 décembre 2014 | Lien permanent | Commentaires (0)
FRANÇOIS CHENG Source ■ François Cheng sur Terres de femmes ▼ → L’appel de la mer → [Consens à la brisure] (extrait d’Enfin le royaume) → Longtemps à longer cette eau sans âge → [Oui, nous suivrons le sentier] → Rose d’indigo → Tango toscan ■ Voir aussi ▼ → (sur le site de l'Académie française) une bio-bibliographie de François Cheng |
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Rédigé le 25 décembre 2014 | Lien permanent | Commentaires (0)
DOCERE, MOVERE, PLACERE Voilà un petit livre qui obéit au triple impératif de la rhétorique : docere, movere, placere. Il nous en apprend beaucoup en effet sur le pastel, sa vogue au XVIIIe siècle, et sur le plus célèbre des pastellistes de l’époque, Maurice Quentin de La Tour, mais il sait aussi nous émouvoir à l’évocation des tourments de l’artiste, à travers un style dont la délicatesse et la subtilité n’exclut pas la précision. En réalité, le fil rouge de ce livre écrit à la première personne — c’est le portraitiste qui parle — entrelace l’histoire de La Tour à celle de Madame de Pompadour, la marquise dont le portrait fut exposé au Salon de 1755. Et le portrait qui est ici tracé est à la fois celui que nous pouvons voir au musée du Louvre, mais surtout, un portrait intérieur, La Tour étant un peintre d’âme autant que de corps : « un portrait n’est pas que formes et couleurs. L’indicible doit affleurer. » Ce n’est pas seulement la Marquise qui est ainsi saisie et restituée sur la toile, mais d’autres personnages, grands de l’époque, au premier rang desquels le roi lui-même, ou le maréchal de Saxe (« le visage de Saxe, c’est une écriture droite et virile, racée, élégante et décidée »), écrivains, comme Rousseau ou Voltaire (« Mon papier renâcle à rendre compte de son étrange séduction »)… Les autoportraits, au jabot, à la toque, témoignent de l’interrogation de l’artiste sur son art et sur lui-même. Les chapitres successifs évoquent ces portraits dont la liste figure à la fin du livre, ils le font avec une précision parfois technique (l’auteur est historienne d’art) mais jamais lassante, bien au contraire. Nous apprenons ainsi que le portrait de la marquise, étant donné sa taille, peu commune pour un pastel, est fait de plusieurs morceaux, marouflés sur une toile, dont il importait évidemment de masquer l’assemblage. Mais c’est toujours vers la marquise que revient le portraitiste (ainsi que sur sa compagne tant aimée, la cantatrice Marie Fel, qui prend la plume à la fin pour décrire la triste fin de l’artiste peu à peu sombré dans la démence). Son portrait ne coûta pas moins de cinq années de travail, de doutes, d’inquiétudes, au pastelliste. Comment autrement capter et fixer l’essence même d’un être ? Entre l’artiste et son modèle, c’est presque une relation amoureuse qui s’est nouée : « La marquise de Pompadour s’est donnée à moi », dit l’artiste. De fait, le contact avec le pastel est un contact sensuel : « en écrasant les dernières touches de pastel, il m’a semblé caresser une peau à la chaleur diffuse ». Mais la marquise est secrète, et de nombreuses séances sont nécessaires pour « déplier patiemment son âme, comme on défroisse un papier afin d’en déchiffrer les lignes cabossées. » En proie à une surveillance et une médisance permanentes (« son cœur s’abîme à l’écho des méchancetés »), meurtrie par la vie (la distance établie par le roi, la mort de sa fille Alexandrine), elle cache ses fêlures sous son sourire mais ce sont elles que l’artiste veut capter. Lorsque le deuil fait succéder la pâleur aux couleurs du visage, La Tour les retrouve sous ses doigts. Ce n’est pas seulement le portrait de la marquise par La Tour, mais le livre tout entier qui est un hommage, moins à sa beauté, hélas flétrie avant l’heure, qu’à la « finesse » de son esprit. « C’est une femme incomparable », dit le pastelliste et avec lui l’auteur, une femme légère et éclairée, comme l’était le siècle auquel elle appartenait, amie des artistes et des écrivains, et des philosophes. Sur son portrait, ne voit-on pas, et sur sa demande, quelques livres, comme la Henriade, L’Esprit des lois ou le volume IV de l’Encyclopédie, pourtant mis à l’index. Hommage à l’art, également, capable d’arracher à l’Histoire souvent mensongère, la vérité profonde des âmes, comme en témoignent les portraits de La Tour. |
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Rédigé le 24 décembre 2014 | Lien permanent | Commentaires (0)
Image, G.AdC
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HELGA M. NOVAK © PICTURE-ALLIANCE / DPA Source ■ Helga M. Novak sur Terres de femmes ▼ → en automne (poème extrait du recueil Chaque pierre orpheline) → (dans la galerie Visages de femmes) un autre poème extrait du recueil Chaque pierre orpheline ■ Voir aussi ▼ → (sur Recours au poème) Helga M. Novak par Pascale Trück → (sur Terre à ciel) Helga M. Novak : c’est là qu’elle est, par Sophie g. Lucas ■ Médée sur Terres de femmes ▼ → Médée (AP) → Pascal Quignard, Medea (lecture d'AP) → 18 mars 1929 | Naissance de Christa Wolf (extrait de Médée de Christa Wolf) → 13 mai 1932 | Médée de Sénèque, mis en scène par Georges Pitoëff → 8 mai 1940 | Création française à l’Opéra de Paris de l’opéra Médée de Darius Milhaud → 5 avril 1967 | Maria Casarès dans Medea ■ Voir | écouter encore ▼ → Orphée et Médée. Approche comparative de deux gestes mythiques (Marie-Adélaïde Debray) → (sur YouTube) Medea de Pier Paolo Pasolini, avec Maria Callas dans le rôle de Médée |
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Rédigé le 23 décembre 2014 | Lien permanent | Commentaires (0)
Image, G.AdC SOMMAIRE DU MOIS DE DÉCEMBRE 2014 ▪ Terres de femmes ― N° du mois de novembre 2014 ▪ Pierre Tanguy, Michel Remaud, Ici même (lecture de Marie-Hélène Prouteau) ▪ Erwann Rougé | [on ne fait qu’écrire] ▪ 3 décembre 1971 | Lettre d’André Dhôtel à Philippe Jaccottet ▪ Jean-François Mathé | [Le paysage né de la dernière pluie] ▪ François Heusbourg, hier soir ▪ Tommaso Di Dio, Tua e di tutti (extraits) ▪ Élisabeth Chabuel, Veilleur (lecture d’Angèle Paoli) ▪ Alain Helissen, De la figure du tout, 1 ▪ 9 décembre 1926 | Walter Benjamin,Voyage en Espagne ▪ Alain Helissen, De la figure du tout, 2 ▪ Mark Strand | 2002 ▪ Sofia Queiros, Normale saisonnière (lecture d’Isabelle Lévesque) ▪ 14 décembre 2001 | Mort de W.G. Sebald ▪ Emmanuel Merle, Le Chien de Goya (lecture d’Angèle Paoli) ▪ Helga M. Novak | Lettre à Médée ▪ Barbara Lecompte, Marquise au portrait (lecture de Joëlle Gardes) ▪ François Cheng | [Suivre le poisson, suivre l’oiseau] ▪ Yves di Manno | Anne Calas | [par transparence d’une vitre] ▪ Antonio Moresco, La Petite Lumière (lecture d’Angèle Paoli) ▪ Geneviève Vidal | Loger Lumière ▪ Juan Gelman | Vers le sud ▪ Barry Wallenstein, Tony’s blues (lecture de Chantal Dupuy-Dunier) ▪ Terres de femmes ― N° du mois de janvier 2015 |
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Rédigé le 22 décembre 2014 | Lien permanent | Commentaires (0)