AT BAIA
I should have thought
in a dream you would have brought
some lovely, perilous thing,
orchids piled in a great sheath,
as who would say (in a dream),
“I send you this,
who left the blue veins
of your throat unkissed.”
Why was it that your hands
(that never took mine),
your hands that I could see
drift over the orchid-heads
so carefully,
your hands, so fragile, sure to lift
so gently, the fragile flower-stuff—
ah, ah, how was it
You never sent (in a dream)
the very form, the very scent,
not heavy, not sensuous,
but perilous — perilous —
of orchids, piled in a great sheath,
and folded underneath on a bright scroll,
some word:
“Flower sent to flower;
for white hands, the lesser white,
less lovely of flower-leaf,"
or
“Lover to lover, no kiss,
no touch, but forever and ever this.”
H.D., Hymen, The Egoist Press, London, 1921 [First Edition], p. 30 ; US edition : Henry Holt and Co., New York, 1921, in Collected Poems 1912-1944, New Directions Publishing Corporation, New York (New edition, 14 May 1986).
À BAIA
En un rêve
j’ai dû songer que tu m’offrais
quelque chose d’aimable, de délétère,
orchidées amoncelées dans une grand enveloppe,
comme qui parlerait (en un rêve)
« Je t’envoie cela,
Qui s’écoula des veines bleues
de ta gorge vierge. »
Pourquoi était-ce tes mains
(qui jamais ne prirent les miennes),
tes mains que j’apercevais
recueillant avec tant de soin
les bouquets d’orchidées,
tes mains, si fragiles, cueillant
si doucement la fragile étoffe des fleurs —
ah, ah, comment était-ce possible
Jamais tu n’envoyas (en un rêve)
la véritable espèce, le véritable parfum,
non pas violent, non pas capiteux,
mais — délétère —
d’orchidées amoncelées dans une grande enveloppe,
accompagnée d’un rouleau de papier enrubanné
portant ces quelques mots :
« Fleur à fleur adressée ;
pour de blanches mains, un moindre blanc,
un moins aimable pétale de fleur. »
ou
« D’amant à amante, point de baiser,
Point de caresse, mais pour toujours et à jamais ceci. »
Hilda Doolittle in Women, Une anthologie de la poésie américaine du XXe siècle, Le Temps des Cerises, 2014, pp. 86-87. Poèmes traduits, choisis et présentés par Olivier Apert. Édition bilingue.
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