Πίνακας Καθυστερήσεων
Θα ’χει περάσει μια συντέλεια από τότε
Και αυτός ακόμα εκεί
Στέκει με τη βαλίτσα στο χέρι
Όρθιος
Τα γένια του απλώθηκαν στις ράγες
Έλιωσαν τα ρούχα απ ’τους αιώνες
Λίπασμα ιδανικό
Βλάστησε ολόκληρος
Άνθη αποδημητικά ρίζωσαν στα μαλλιά του
Φωλιές χελιδονιών οι τσέπες του
Πτυχώσεις γραμμένες στην αναμονή
Ο συρμός δεν έφτασε ποτέ
Εμείς ή κάποιος απ΄τους επόμενους δεν είδε τίποτα να έρχεται
Ταξιδιώτες δεν επιβιβάστηκαν
Κι όμως
Είναι σίγουρος για το δρομολόγιο
Το εισιτήριο δέρμα δεύτερο στο χέρι του
Λάκκος στο μέγεθος του πέλματος
Σκάφτηκε με τα χρόνια
Οριζόντια κολώνα μιας κατ’ επίφασιν ύπαρξης
Θα ‘ρθει η μέρα που η γη θα πιεί το επίμονο σαρκίο
Κατά καιρούς πέρασαν πολλοί από τον σταθμό
Αργόσχολοι περαστικοί
Εμπειρογνώμονες βεβαιοτήτων
Απεγνωσμένοι ποιητές
Θρασύδειλοι επαναστάτες
Άντρες, γυναίκες, παιδιά
Όλοι να δούνε θέλησαν
Αυτόν που περιμένει τον «Γκοντό»
Όνομα κι αυτό για μια αμαξοστοιχία
Συνώνυμο της προσμονής του απόντα
Αυτού που ίσως και να έρθει
Μέχρι τότε
Μόνος στην αποβάθρα
Υπάρχει
Μαρίας Κουλούρη, Μουσείο Άδειο, Εκδόσεις Μελάνι [Melani Publications], Αθήνα [Athens, Greece], 2013, pp. 21-22.
RETARDS ANNONCÉS
Il a dû s’écouler le temps d’une fin du monde
Et lui est toujours là
Il est debout sa valise à la main
Très droit
Sa barbe a poussé et couvre les rails
Ses vêtements sont usés par les siècles
Un engrais idéal
Il a éclos tout entier
Des fleurs migratrices ont pris racine dans ses cheveux
Ses poches des nids d’hirondelles
Plis gravés dans l’attente
Le convoi n’est jamais arrivé
Ni nous ni aucun des suivants n’avons rien vu venir
Pas de voyageurs montés à bord
Et pourtant
Il est sûr de l’itinéraire
Le billet dans sa main une deuxième peau
Un trou grand comme sa semelle
S’est creusé au fil des ans
Colonne couchée d’une vie toute d’apparence
Viendra le jour où la terre boira cette chair obstinée
Beaucoup de gens, de temps à autre, sont passés par la gare
Flâneurs inoccupés
Experts en certitudes
Poètes désespérés
Révolutionnaires fanfarons
Hommes, femmes, enfants
tous voulaient voir
Celui qui attend « Godot »
Ça serait un nom de train
Synonyme d’attente de l’absent
De celui qui peut-être viendra
En attendant
Seul sur le quai
Il vit
Maria Koulouri [Musée vide]. Traduction inédite de Myrto Gondicas.
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MARIA KOULOURI
© Ph. Dimitris Alexakis
Source
Née à Chalcis (Eubée) le 16 mars 1975, Maria Koulouri vit à Athènes, où elle travaille comme orthophoniste et intervenante en milieu psychiatrique. Elle anime une troupe de théâtre d’adultes suivis pour autisme ou retard mental. Plusieurs de ses textes de théâtre (pièces en un acte) ont été données en lecture à l’Institut international du théâtre d’Athènes. Musée vide est son premier recueil de poèmes ; il a été primé l’année de sa parution (2013).
EXTRAIT d’une critique parue dans la revue Ta Piïtika (n° 11, septembre 2013) :
« Ce qui éveille surtout l’intérêt lorsqu’on lit les poèmes de Musée vide, c’est cette capacité naturelle qu’a l’auteur de combiner, de tresser organiquement, les expériences vécues du présent et celles du passé ; ou plutôt de relier, en les enrichissant, divers aspects du passé — individuel et collectif — à des fragments de mythes, de légendes et d’histoire.
[…] Chez elle, le présent apparaît comme le lieu de rencontres fécondes entre le rêve et la réalité ; mais c’est un rêve érodé, traversé par les signaux tantôt agressifs, tantôt charmeurs d’une réalité qui a l’imprécision, l’incertitude et le caractère hasardeux du rêve. »
Kostas Papageorgiou
■ Écouter aussi ▼
→ (sur vimeo) le poème Retards annoncés (ci-dessus)
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