Ph., G.AdC [POURRAS-TU ENCORE TÉMOIGNER… ] Pourras-tu encore témoigner dans l’absence et le froid avec le regard des pierres ? Aucun dieu ne sait vivre le vertige de notre chute, ni cette sensation soudaine d’être emporté. Nos mots ne sont que les préliminaires du silence. Le vent Comme une respiration Qui nous manquerait. Tout ce monde qui attend un signal pour partir. Il a fallu que je sois vraiment en face de la toile de Nicolas de Staël, Les Toits, pour saisir sa vue aérienne, son accumulation d’agitations serrées dans les rues… et tout en haut, ce vide, cet espace où l’air ne se compte plus. Puis, cet étonnant bord du vide dont je ne me lasse pas. Quelques pas avant l’envol — juste avant. J’essaye de toujours m’épuiser avant d’entrer dans le sommeil, pour que mon corps reste bien à sa place, ne passe pas de l’autre côté. Jean-Louis Giovannoni, Les mots sont des vêtements endormis [éditions Unes, 1983], suivi de Fragments inédits, Éditions Unes, éd. revue et augmentée, 2014, pp. 24-25-26. |
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