LA GITA (brano) “Devo rassegnarmi a non poter qui raddrizzare nulla” NATHAN ZACH Un vento che m’impasta col soffione, che mi fonde le suole mentre faccio la mia cernita: quale sasso ti ricorda, il suono di quale sirena. Adesso è il tempo della miniera della terra che mi sfiora il capo, del parlare indurito, della lampada spenta. Ph., G.AdC Scale dentro la roccia grattano il fondo, dove si sudano sassi e il cuore gorgoglia. Ph., G.AdC Ci scendiamo in miniera seguendo briciole di pirite, ci si scende con gli occhi, coi ginocchi, ci si scende a cercare la traccia, la goccia che ha segnato la pietra col cadere, che fa la memoria traboccare. (ci sciogliamo col caldo, goccia a goccia, ci rimpastiamo al mare. ci ritroviamo, nodo nella palpebra.) Dentro ascolto il legno del sostegno, conto le micce che aprono alla vista, ci raduno prima della volata, ci cerco nel buio e nel calore. Ci cerco, a noi due: tu nube di memoria, io che mi sfuggo come di mercurio, tremito di termometro che ingoio, vetro e tutto. (Un treno dal buio, un piede per binario, un occhio accecato che ti cerca, un treno nel buio, che t’aspetta.) […] Elisa Biagini, La gita in Da una crepa, Giulio Einaudi Editore, Collezione di poesia 421, 2014, pp. 53-54.
« Je dois me résigner à ne pouvoir ici rien redresser » NATHAN ZACH Un vent qui me pétrit dans le pissenlit, qui fait fondre mes semelles pendant que je fais mon tri : quelle pierre te rappelle, le son de quelle sirène. Maintenant est le temps de la mine de la terre qui m’effleure la tête, du parler endurci, de la lampe éteinte. Escaliers à l’intérieur de la roche grattent le fond, où l’on sue des pierres et le cœur gargouille. Nous y descendons dans la mine, en suivant des miettes de pyrite, on y descend avec les yeux, les genoux, on y descend chercher la trace, la goutte qui a marqué la pierre avec la chute, qui fait déborder la mémoire. (Nous nous diluons avec la chaleur, goutte à goutte, nous nous mélangeons à la mer. Nous nous retrouvons, nœud dans la paupière.) Ph., G.AdC Dedans j’écoute le bois du soutien, je compte les mèches qui ouvrent la vue, je m’y joins avant l’envol, j’y cherche dans l’obscurité et la chaleur. Ph., G.AdC J’y cherche, nous deux : toi nuée de mémoire, moi qui m’échappe comme du mercure, tremblement de thermomètre que j’avale, verre et tout. (Un train de l’obscurité, un pied pour chaque voie, un œil aveuglé qui te cherche, un train dans l’obscurité, qui t’attend.) [… ] Elisa Biagini, « Sept poètes italiens d’aujourd’hui » in Inuits dans la jungle, Numéro 5, 2014, pp. 26-27-28. Poème traduit de l’italien par Jean Portante. ______________________________ NOTE d’AP : une anthologie bilingue (italien-anglais) des poèmes d’Elisa Biagini a paru en 2013 chez Chelsea Editions sous le titre The Guest in the Wood: A Selection of Poems 2004-2007, et a obtenu le prix BTBA 2014 (Best Translated Book Awards for poetry). |
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