Ph. Olivier Gouéry Source [VOICI DONC LE MATIN] Voici donc le matin et sa brassée de frais qui éponge le ciel on entre dans le blanc comme dans une image elle est enfin collée sur le cahier on peut la regarder en douce elle ne s’efface pas elle ne tombera pas elle n’est pas déchirée on la voit quand on veut c’est sûr on va descendre dans cette permanence dans cette certitude dans cette assise-là tu ouvriras les poings dans ta parole ah oui ! vivre est maintenant posé là sur la route et d’un seul coup on voit les choses en vrai oui c’est là et tu marches à grands pas dans le matin des villes soulevant la blancheur comme un coin de rideau la rue s’invente dans son oubli quelque chose revient qui ne fut pas au monde et que tu portes dans tes bras on a rangé les voitures le long d’une autre rive dans un autre sommeil le corps est plein de blanc le saviez-vous ? il y a en lui cette neige liquide et très heureuse l’air y déplie parfois ses poumons larges et ses flocons cela devient possible de nommer un espace vivant tu te prends par la main tu touches une ouverture la délivrance c’est juste un décalage oui c’est un pas de côté dans les jambes tous les chemins sont inconnus et c’est bien la merveille tu poses ta fatigue à même le sol tu ne crois plus du tout en elle Claudine Bohi, L’œil est parfois rétif, poèmes, Galerie L’œil écoute | Éditions Le bruit des autres, 2013, page 33. Photographies d’Olivier Gouéry. |
Retour au répertoire du numéro d’août 2014
Retour à l’ index des auteurs
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.