[MESURER LES JOURS AUX AIGUILLES]
Mesurer les jours aux aiguilles, à la piqûre blanche des doigts, des pétales sur les lèvres, aux heures, des fleurs répandues et de l’eau déversée sur les dalles, le long des joues et coulant dans le cou, la couture en suivant le col, ni d’œillets ni de roses, la main sur la poitrine, mesurer au lierre, à l’oppression du linge, serré par le souffle, au vent repoussant et modifiant les brindilles, la progression du sable, mesurer aux pas dans les dunes et près des vagues, le bord à la griffure de mouette, à l’étoffe rompue à la chemise, mesurer le temps au déchirement du poignet, et ce qui effraie c’est la lumière liée aux cils, liée à la peau, c’est du jour la distance, passant à travers les doigts sur le tissu, c’est la couleur du ciel, la lumière jouant avec les yeux, jouant avec la nuit, et sur le visage, ce qui effraie c’est la peur.
Anita J. Laulla, Toucher, Les Arêtes éditions, Collection « les cahiers du Cornet à dés », La Rochelle, 2014, page 26.
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