MARIE-MADELEINE UNE SCIE CONTRE LES BARREAUX Quelque fois un ange squelettique me volubile heurté sa traversée de l’enfer ensemble rires et guérilla nous parvenons presque à lobotomiser la laideur une scie contre les barreaux du monde Des passants quelquefois venus de pays lointains montagnes aux noms imprononçables leurs manteaux de laine sentent la sueur et la neige ils ont des graines au fond des poches et la pensée tenace d’une terre à venir Quelquefois je m’assois près d’un vieil homme qui regarde les hirondelles dans le ciel virginal il pose sa main tachée sur la mienne et la lumière coule entre nous comme une larme Nous n’avons connu ni berceau ni cachot jaloux ni alliance que le goût de la liberté qui grandissait dans nos murmures Je sais que tremblera intacte et juvénile jusqu’au dernier instant son étrange révolte qui ressemble à la soif et jusqu’à son dernier battement mon cœur lui restera fidèle Quelque fois il n’y a personne que la solitude dont l’aile immaculée tournoie le bourdonnement de l’été l’ombre des figuiers dans le vent les ramures qui dansent l’écorce friable Une adolescente se baigne à mes pieds elle connaît les sources et le goût du silence Tout ce qui respire transpire et rayonne tout ce qui s’agite qui parle et qui danse tout s’effacera Il n’est pas de prière au-delà des eaux et rien ne m’exauce que la création fébrile présence pénétrant l’instant comète aux dents de lumière charge de plaisir au rebours des nuits Marie Ginet, Pulsation, Éditions L’agitée, 2014, pp. 56-57-58. Préface de Dominique Sampiero. |
MARIE GINET Source ■ Marie Ginet sur Terres de femmes ▼ → [Être de quelque part. Ou juste en venir] (extrait de Dans le ventre de l’Ange et autres cachettes) → Invasion de nuages (+ notice bio-bibliographique) → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) Plus vaste que nous |
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