[J’AIMERAIS FAIRE QUELQUE CHOSE DE TOUT ÇA]
j’aimerais faire quelque chose de tout ça, atteindre ne serait-ce que le mouvement presque fixe du premier pas, qui ouvre au second, alors qu’ici j’ai l’impression de ne rien fixer, je bouge tout le temps, comme la prose fait facilement, à cause de la faiblesse qu’un mot seul porterait si on ne préparait pas sa solitude, qui serait une forme d’isolement ou de marginalité ; je ne sais comment je pourrais donner à chaque mot un tel poids isolé en dégageant son isolement de l’instant de sa sortie afin de le lier à un autre mot auquel il faudrait donner son poids à son tour isolé
ce n’est pas que je veuille appliquer la tauromachie à la poésie, ce serait une théorie, qu’un procédé d’ailleurs permettrait peut-être de mener à bien ; je me méfie des théories comme des procédés ; je ne m’en plains pas : nous n’écrivons qu’avec ce que nous sommes
pour ça aussi que josé tomás me fascine : il n’est pas dans une théorie — ce qui ne l’empêche pas d’avoir des principes
et de les appliquer
la stature immobile n’est pas une théorie, c’est un principe
si j’écris de la poésie, c’est un principe, pas une théorie
josé tomás ralentit le mouvement
il ne peut rien pour moi
ni pour ce que j’écris
moi aussi je suis seul
face à moi-même
Ludovic Degroote, josé tomás, Éditions Unes, 2014, pp. 24-25-26. Vignette de couverture de Claude Viallat.
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