L’ÉCRITURE SOURIT À LA MORT Y a-t-il dans l’écriture un point de départ et un point d’arrivée ? Le premier mot, c’est la rose que nous nous refusons à cueillir pour ne pas bousculer le rythme du jardin et ne pas détruire la fragrance du parfum. Le premier mot, nous le gardons pour nous et écrivons quelque chose qui lui ressemble. Chaque goutte d’eau que prodigue la terre ou le ciel est toujours la première. Quant au dernier mot, il vient tout seul avec l’absence. Le voyageur, parfois, se souvient-il qu’il est en voyage. Il ausculte son cœur et essaie d’écrire. Mais l’écrivain, lui, que peut-il bien écrire ? L’écriture a-t-elle besoin de lui pour exister ? L’écriture véritable vient de plus loin que ce babil qui papillonne sur les lèvres. C’est la force qui nous pousse à écrire, pas l’écriture. Nous écrivons pour mieux écouter, pour mieux pénétrer le silence qui croît sur les franges du rêve. L’écriture nous conduit vers ce que nous ne pouvons saisir qu’à l’instant où nous écrivons. Nous écrivons pour éloigner la peur, un peu comme ces voyageurs nocturnes qui éloignaient les bêtes féroces avec le feu. Nous écrivons dans l’attente de ce qui va advenir, pour nous embellir aux yeux de ceux pour qui nous écrivons, pour nous approcher de l’insondable et rendre proche ce qui est lointain. L’écriture, c’est le réveil des voix profondes qui sommeillent, cloches lointaines qui n’ont pas besoin qu’on les sonne pour vibrer. Le rayon du mot traverse le métal et ralentit le temps. |
ISSA MAKHLOUF Ph. © Thierry Rambaud/IMA ■ Issa Makhlouf sur Terres de femmes ▼ → Au-delà de la vue (extrait de Mirages) → Les pluies des amants (autre extrait d’Une ville dans le ciel) → Issa Makhlouf, Lettre aux deux sœurs (note de lecture d’AP) → Celui qui part, laissons-le partir (extrait de Lettre aux deux sœurs + notice bio-bibliographique) ■ Voir aussi ▼ → (sur le site des éditions Corti) la page de l’éditeur sur Une ville dans le ciel → le site officiel d’Issa Makhlouf |
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