Ph., G.AdC HIER SOIR (extraits) Il n’y a rien d’apaisant dans le silence. Que dites-vous. Nulle part. Au moins l’eau passe par le toit, la fuite, tout n’est pas figé. Je ne sais pas si vous l’entendez, si vous pouvez. Je pourrais fermer la porte. Vous entendez toujours des pas dans le couloir. Mais cela n’existe pas. La fuite. Il fallait vérifier tous les soirs. Les marches de l’escalier n’ont jamais grincé. C’est à dire que l’on pouvait monter et descendre, on n’en savait rien. Vous avez cru ça, ce ne sera pas long. Doucement. On ne peut pas reprendre au début. Savez-vous sur quoi vous marchez. On décrète un nombre, c’est arbitraire. On se dit, ça n’arrivera pas avant, dit-il. On croit. On croit. Le nombre ou l’objet. On se dit que l’on tient. Il suffit de savoir compter. Hier soir. Je n’ai rien entendu. J’entendrai toujours. Les bruits de pas, les échos. Sans laisser de trace, les pas dans le couloir et l’eau du toit. J’ai prononcé son nom dans le silence. Et le silence en silence. Jusque dans les bruits les plus infimes. Le corps immobile à côté de la tasse brisée. Cela dure le temps de toucher terre. Le temps de la chute. Ça ne dure plus. François Heusbourg, Hier soir (extrait) in Revue NU(e), Numéro 55, « Hommage à Patrice Villani », n° coordonné par Béatrice Bonhomme et Danielle Pastor, février 2014, pp. 131-132-133. |
FRANÇOIS HEUSBOURG ■ François Heusbourg sur Terres de femmes ▼ → d’autres extraits d’Hier soir publiés chez Æncrages & Co → [ma peur perce les pieds](extrait de Zone inondable) → Zone inondable (lecture d’AP) → Anaïs Bon | François Heusbourg | [ Le chemin qui passe par la forêt et par les champs ne varie guère](extraits de Seul/double) ■ Voir aussi ▼ → (sur le site de l’écrivain Claude Ber) une notice bio-bibliographique (+ une sélection de poèmes extraits de Contre-Escales, de Long Run et d’Oragie) |
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